Quelques réflexions générales qui déterminent les engagements de la FSU
les questions d’emploi, de qualification et de formation ne peuvent être dissociées de celles du chômage (8,6% de chômeurs sur le Pays Trégor Goëlo au 2ème trimestre 2010 ; 7,7 % sur les Côtes d’Armor ; 7,9 % en Bretagne selon les statistiques officielles) de la précarité et des salaires.
Les questions traitées nécessitent la création d’un véritable service public de formation continue et d’éducation permanente, en particulier garant de la gratuité et de l’égalité d’accès. Ce service public, décentralisé dans sa mise en oeuvre, doit être soumis à un cadrage national, avec un rôle moteur donné aux organismes de formation du secteur public (AFPA, GRETA, universités…). Ceci signifie que le possible transfert à des opérateurs privés des missions de service public ne peut nous satisfaire. Un autre service public est à nos yeux essentiels : c’est celui de l’orientation professionnelle (définition nationale et coordination régionale), destiné aux adultes et jeunes adultes en recherche de formation, de validation des acquis, de reconversion ou d’insertion professionnelle.
Le service public doit avoir la perspective de l’élévation générale des qualifications (défi démographique). Une formation initiale de qualité est indispensable : la formation continue est d’autant plus efficace et profitable que le niveau de diplôme acquis en formation initiale est élevé. Il est démontré que la formation continue diplômante bénéficie surtout aux personnes de niveau bac pour préparer des BTS. Il est important de le rappeler quand on constate que de nombreux métiers du pays Trégor-Goëlo réclament des personnels qualifiés de manière structurelle.
Le caractère majeur du diplôme est donc souligné : ceux et celles qui sont diplômés restent plus dans l’emploi que les autres.
Il faut requalifier les emplois dits non qualifiés : par exemple, le développement des services aux personnes réclame une requalification en termes de compétences et de salaires. Dans le commerce- distribution, secteur fortement féminisé, les emplois courts et précaires sont nombreux : des emplois qualifiés pour un emploi durable s’imposent (signalons que ce secteur est sous-représenté dans le Pays Trégor-Goëlo dans le domaine de la formation initiale par rapport au reste de la Bretagne ).
Nous mettons en alerte depuis des années quant à un danger potentiel : celui de l’adéquation étroite entre formation et emploi ; la formation ne doit pas uniquement dépendre du tissu économique local et territorial. Remarquons que cette adéquation emploi formation est rare dans les faits. Une étude récente du GREF sur la formation continue d’adultes demandeurs d’emplois par le biais du Programme Régional des Stages indiquait que près de la moitié des personnes ont trouvé un emploi dans un métier qui n’avait strictement rien à voir avec le contenu de leur formation professionnelle. Il faut privilégier les formations longues et qualifiantes plutôt que celles réservées aux secteurs dits en tension qui sont plus courtes, qui n’adaptent qu’à un emploi et qui sont donc un handicap pour la reconversion. La formation continue est certes une formation professionnelle (à ne pas confondre justement avec la simple adaptation au poste de travail qui est à assurer par l’employeur) mais aussi une formation permanente.
La pire des solutions serait de chercher à transférer sur la formation continue des formations aujourd’hui assurées par la formation initiale : ce sont les personnels les mieux formés qui utilisent le mieux la formation continue. Profitons-en d’ailleurs pour aborder la question de l’apprentissage (dont nous ne réclamons pas la totale disparition, certains secteurs pouvant être mieux adaptés à cette formation). En ce qui concerne plus particulièrement les niveaux 5 et 4 de la formation, l’apprentissage représente souvent un risque de précarité, le contenu de la formation étant beaucoup trop étroit. Regretter la faiblesse structurelle de l’offre en formation par apprentissage sur le territoire du Pays Trégor-Goëlo ne nous semble pas aller dans le bon sens. La priorité affichée doit être accordée aux formations professionnelles de statut scolaire, aujourd’hui fortement attaquées par les réformes gouvernementales. L’enquête récente du GREF a confirmé d’ailleurs le taux important de ruptures de contrats en apprentissage, en particulier chez les plus jeunes.
Sécuriser les parcours professionnels : vaste question ! La FSU se reconnaît globalement dans les propositions de certaines confédérations : continuité de droits, ces droits étant attachés à la personne en matière de rémunération, formation, protection sociale et retraite tout au long de la vie active quels que soient ses aléas. Nous sommes inquiets par ailleurs de constater, par les documents de la Mission Locale Ouest Côtes-d’Armor, une sortie prématurée plus accentuée du système éducatif (à la Mission locale « il y a de plus en plus de jeunes de moins de 18 ans. Le nombre de jeunes qui quittent le système éducatif scolaire relativement tôt s’accroît »). Même si la région Bretagne est une des régions où il y a le moins de sorties sans qualifications et d’entrées de jeunes dans les contrats aidés, c’est encore une occasion d’affirmer le rôle essentiel d’une bonne formation initiale pour tous !
Le phénomène de la saisonnalité est récurrent dans le Pays Trégor-Goëlo (agriculture, commerce, tourisme, nautisme) : il faut proposer de nouvelles formes d’organisation pouvant favoriser et consolider l’annualisation et la pérennité (constat également valable pour l’ hôtellerie restauration).
Il y a certes besoin de formations qualifiantes de proximité (par exemple dans le bâtiment) et il est évident que, pour certains publics en recherche d’emploi, le problème de la proximité est une question majeure. Mais il faut aussi prendre garde de ne pas toujours présenter la mobilité géographique, des jeunes en particulier, comme étant un obstacle : on peut aussi affirmer que ce sont les gens les moins qualifiés (jeunes, adultes) qui restent scotchés à leur territoire. La question de la gratuité des transports peut être alors posée (rappelons au passage que le territoire du Pays Trégor-Goëlo se caractérise, en matière de formation professionnelle continue par une faiblesse de l’offre et une attractivité insuffisante ; pour 80% des publics concernés, l’accès à la formation a nécessité une mobilité : la distance moyenne parcourue par un stagiaire de la formation professionnelle du Pays Trégor Goëlo est de 69 km contre 36 km au niveau régional ! ).
Quel devenir pour le pôle d’expertise en électronique et électrotechnique au lycée Le Dantec de Lannion à un moment où la politique du ministère de l’Education Nationale s’attaque de manière scandaleuse aux sections STI, pourtant voies de réussite depuis des années ?
Nous regrettons l’absence de formation initiale publique dans l’enseignement agricole sur le territoire du Pays Trégor-Goëlo, dont la vocation agricole est importante.
La formation continue et permanente paraît, dans le Pays-Trégor Goëlo, concerner essentiellement une majorité de jeunes et de niveaux 5 : il s’agit là de limites anormales. La lisibilité de l’offre de formation professionnelle continue demeure insuffisante : les droits à la formation continue et les dispositifs doivent être plus régulièrement mis en évidence par tous les partenaires.
Le problème de la formation continue des travailleurs handicapés reste aigu. Il est vrai que la première étape est l’application des textes en matière d’embauche, d’abord par l’état lui-même (le taux de 6 % n’est, par exemple, pas du tout respecté par le ministère de l’Education Nationale).
Jean-Pierre Le Coq
Co-secrétaire de la FSU des Côtes-d’Armor
Secrétaire de la Section locale du Trégor