Intervention de Claudine LEMASSON-FSU

La FSU souligne le travail de qualité effectué par la commission « Développement Economique et Recherche » et notamment par les rapporteurs et les assistants techniques. Ce rapport a le mérite de répertorier un premier état des lieux des différentes éco – activités en Bretagne et nous permet d’en tirer une première analyse.

Certaines activités relevant de la préservation de l’environnement peuvent être curatives ou préventives.

Le développement de « Eco – activités » ne doit pas, pour la FSU, s’inscrire dans un même fonctionnement économique dont on voit déjà les conséquences dramatiques, car simplement orientée vers des nouvelles activités basées sur la seule logique de production et de nouveaux profits à court ou moyen terme.

Si l’on reprend la définition même de développement durable, selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport Brundtland, il serait plus juste de parler de développement soutenable. Les trois piliers du développement durable englobent la justice sociale et solidaire, l’écologique et l’économie.

La FSU regrette que cette étude axe son travail essentiellement sur les nouvelles opportunités de croissance qui s’ouvrent sans remettre en cause le modèle économique qui, et la crise actuelle que nous traversons le démontre, est un modèle qu’il va falloir irrémédiablement dépasser.

De ce point de vue, l’étude manque d’ambition, elle aurait gagné en ayant plus d’audace, de créativité, d’innovation en proposant un modèle qui s’appuie sur des valeurs de responsabilité, de partage, de participations différentes des salariés, des citoyens, d’une réorganisation autour du travail, du territoire.

Dans l’étude, n’apparaît pas la responsabilité sociale au sein de l’entreprise : le salarié, l’individu, donc l’humain, n’est qu’un élément virtuel, voire inexistant. En effet, les conditions de travail des salariés, leur cadre de vie dans l’entreprise, le respect, les horaires… auraient, à notre sens, eu toute leur place dans cette étude. Pour exemple, une entreprise produisant dans le secteur dit « éco – activités », mais travaillant dans des locaux insalubres ou mettant le salarié en contact avec des produits dangereux avant d’aboutir à un produit fini, n’ayant aucun dialogue social, ne respectant pas l’égalité professionnelle, peut-on la répertoriée dans les entreprises « éco – activités » ? Car, si nous poussons plus loin cette analyse, des salariés en souffrance ont souvent des problèmes de santé générant une surconsommation de médicaments. Cette demande croissante pousse à la surproduction. Les médicaments non utilisés vont polluer nos rivières, nos mers, …

Les entreprises franchissant réellement le pas d’investir dans le développement durable non pas en terme de nouveau business mais en terme d’engagement « éthique » se différencieraient en appliquant, par exemple, une charte réhabilitant l’idée que le commerce est créateur de lien social, vecteur d’amélioration de l’existence humaine, respectueuse de l’environnement animal et végétal. Cette démarche serait alors un outil de transformation positive de la planète et de notre société : ces entreprises deviendraient alors un exemple en matière de responsabilité sociale et environnementale.

On peut nous répondre que l’objet de l’étude est spécifiquement économique et ne traitait pas de la dimension sociale. Mais justement c’est la séparation entre l’économique et le social qu’il faut réinterroger comme il faut réinterroger l’idée que seule l’activité marchande relève de l’économie. Si on considérait la production non marchande comme activité économique alors l’éducation qui ne génère pas d’externalités négatives serait classée comme une des plus grandes éco activités !