Le service national universel (SNU), généralisé à tous les départements sur la base du volontariat dès 2020, doit devenir obligatoire en 2026 au plus tard. Il pourrait même l’être dès 2024.
Voué selon ses termes à « renforcer la cohésion sociale », il concerne potentiellement tou.tes les jeunes de 15 à 18 ans, quel que soit leur statut (scolaire ou non, puisqu’on peut être apprenti sous conditions dès l’âge de 15 ans).
Composé de deux ou trois phases, ce « Service national de conscription citoyenne » selon les termes mêmes du gouvernement fait l’objet de thématiques et d’un cahier des charges mêlant la vocation à l’engagement, l’agrégation à la Nation, la volonté éducative encadrée par une culture militaire prégnante. La troisième phase du SNU, via le service civique, pourrait s’inscrire dans le processus de formation défini par la loi de juillet 2019 dite « Pour une école de la confiance » de Jean-Michel Blanquer.
Présenté par le pouvoir comme un « projet éducatif majeur » le SNU prétend mettre en œuvre des démarches d’éducation populaire et des pédagogies émancipatrices à destination des mineurs. L’analyse de la première année d’expérimentations démontre qu’il n’en est rien ; bien au contraire le SNU va à l’encontre des valeurs et pratiques défendues dans les métiers éducatifs.
Captant des crédits dédiés à l’Education populaire et au sport, le SNU impacte également d’autres budgets de l’État, dont celui de l’Éducation Nationale à un moment où la ponction sur les moyens s’accentue dans l’Ecole ! En témoigne le récent épisode de la mise en œuvre « pilote » du SNU dans les Côtes d’Armor, département très fortement touché par les mesures de suppressions de moyens !
Peu de chance donc que le SNU ainsi conçu réponde à l’absence de mixité sociale ou au décrochage scolaire. Clairement ce n’est pas le but que poursuivent ses promoteurs ; pour eux il s’agit d’imposer à la jeunesse un modèle de cohésion et des « valeurs » qui s’avèrent problématiques à de multiples égards. Ainsi de la référence insistante du Ministre Blanquer au « drapeau », à l’hymne national, et ainsi des appels répétés de Macron au « sacrifice » des jeunes générations ! Autant de prémisses idéologiques que le SNU reprend et amplifie !
Depuis plusieurs mois des acteurs associatifs portent un regard sévère, sur le SNU. Ils ont notamment exprimé publiquement leur désaccord sur le fond et leurs craintes de voir les crédits dédiés à la jeunesse, à l’éducation populaire et à la vie associative aspirés par le service national universel.
Une large majorité des personnels Jeunesse et Sports émet de profondes réserves sur le SNU. Dans sa conception le SNU entre en contradiction avec les missions fondatrices de ces personnels et sa généralisation pourrait s’avérer contre-productive pour de nombreux jeunes et leurs familles. Un autre parcours citoyen doit être pensé, au service d’une ambition éducative émancipatrice contraire au formatage recherché par le SNU.
Vous lirez ici la position du SNEP-FSU sur le SNU
Retrouvez ici l’analyse du syndicat EPA de la FSU
Parmi les personnels touché.es par la mise en oeuvre du SNU, nombreuses.eux sont celles ou ceux qui évoquent l’idée d’utiliser une clause de conscience. Mais pressions et menaces s’exercent aujourd’hui.
Avec le soutien des organisations SNPJS-CGT, SNAPS-UNSA, SEP-UNSA, EPA-FSU un Manifeste collectif contre le mésusage des personnels techniques et pédagogiques de la Jeunesse et des Sports pour le service national universel a été produit. Les signataires réclament la suspension du déploiement du SNU et en lieu et place un véritable parcours citoyen, à partir des principes de l’éducation permanente et des pédagogies actives, et afin de concevoir un moment éducatif dans le prolongement de l’École, servant réellement son ouverture, prolongeant les apprentissages et contenus, traitant autrement les thématiques choisies, dans un cadre réellement éducatif.
DERNIERE MINUTE : Suite à la signature et à la publication du Manifeste, les organisations ont été reçues en audience le 27 février par la directrice de cabinet de Gabriel Attal, au ministère de l’Education Nationale.
Si les critiques et revendications ont été bien entendues, le gouvernement maintient son projet de généralisation de SNU et la perspective de l’inscrire dans le parcours d’instruction obligatoire est de plus en plus probable.
La mobilisation collective doit donc se poursuivre mais surtout la résistance aux pressions locales, car le DJEPVA et la directrice de cabinet ont clairement indiqué que les chefs de service ne pouvaient imposer aux collègues de travailler sur le SNU en les contraignant à assurer les autres missions en « mode dégradé ».