La FSU est intervenue sur le Document d’Orientation des formations professionnelles, l’un des éléments pivots de la déclinaison programmatique du Contrat de Plan Régional de Développement des Formations et de l’Orientation Professionnelles (CPRDFOP) adopté au mois de juin dernier.
Elle a aussi fait plusieurs remarques sur deux des trois autres dossiers portant également sur des chantiers du CPRDFOP – à savoir le Plan de lutte contre le décrochage et le Plan de développement de l’apprentissage.
Vous lirez ci-dessous le texte de l’intervention de la FSU
Intervention de Jean-Marc CLERY – FSU
S’agissant du Document d’Orientation des formations, la FSU est plutôt satisfaite de l’avis du CESER et elle partage l’appréciation positive qui a été faite de la qualité et de la précision des analyses dans ce document.
Le CESER a raison de souligner que celui-ci aurait cependant gagné en lisibilité s’il avait fait mieux apparaître les orientations stratégiques transversales, plutôt que de mêler celles-ci aux préconisations spécifiques à chaque secteur. La FSU avait elle-même fait cette observation lors de la présentation au CREFOP plénier.
On regrettera qu’en la matière le CESER ne se soit pas penché cette fois sur la recommandation de développer la mixité des parcours, recommandation faite régulièrement et qui apparaît au fil des pages du document. La FSU a déjà fait part de ses réserves sur le sujet, mais elle serait toutefois intéressée par un retour sur les expérimentations qui ont pu être menées.
L’avis du CESER note également à juste titre la nécessité d’analyser les raisons exactes des disparités dans l’offre de formation selon les secteurs, ainsi que celle d’évaluer le degré d’implication des différents acteurs de la formation. Mais en ce qui concerne les formations sous statut scolaire du public, la FSU rappellera tout de même que leur absence dans certains secteurs professionnels ou dans certains territoires ne saurait être imputée aux équipes d’établissement et que celles-ci sont, hélas, de moins en moins associées aux discussions sur l’évolution de la Carte des formations.
La FSU ne peut donc que plaider une fois de plus pour que les espaces nécessaires à la consultation des personnels soient enfin mis en œuvre.
S’agissant du Plan de lutte contre le décrochage la FSU approuve également l’avis du CESER pour l’essentiel. Elle souhaite cependant que la volonté affichée d’harmoniser les pratiques des Plateforme de Suivi et d’Appui aux Décrocheurs (PSAD) ne conduise pas à imposer des protocoles identiques à toutes les PSAD, sachant que les bassins et les populations ne se ressemblent pas d’une PSAD à l’autre.
La FSU continue par ailleurs à s’interroger sur la demande réitérée d’un « repérage en continu des décrocheurs » et l’impact possible sur le travail déjà effectué dans les établissements publics de l’Éducation Nationale. La volonté de rendre effectif le repérage du décrochage dans les autres réseaux est la bienvenue ; mais cela ne doit pas avoir d’impact sur ce qui fonctionne déjà de manière satisfaisante dans l’Éducation Nationale, d’autant plus s’agissant du suivi des moins de 16 ans.
Rappelons que si la Loi du 5 mars 2014 consacre le rôle des Régions en matière de coordination des actions de lutte contre le décrochage, l’État continue cependant d’exercer ses responsabilités, spécialement en matière de prévention.
Pour autant, en matière de prévention du décrochage, la Région peut également jouer un rôle non négligeable en agissant conjointement avec les autorités académiques pour développer une offre de formation diversifiée et de proximité sur tout le territoire répondant aux demandes des jeunes et de leurs familles.
La FSU s’est déjà abondamment exprimée sur ce point lors de l’élaboration du nouveau CPRDFOP et elle ne perd pas espoir d’être entendue.
Enfin, s’agissant de l’apprentissage, la FSU ne suivra pas l’avis du CESER.
Même si celui-ci fait de justes remarques en matière de santé et de prévention des risques professionnels pour les apprentis, ou encore s’agissant de la mixité dans les formations, le CESER hélas ne se départit pas de son soutien à un Plan régional de développement de l’apprentissage qui déroule toujours les mêmes certitudes et les mêmes recettes quelles que soient les difficultés observées.
La FSU continue à dénoncer le rabattement systématique de la problématique de la formation professionnelle initiale sur la seule question de l’apprentissage dont il est fait une intense promotion sous couvert de « l’information sur les métiers ».
Force est de constater que le CPRDFOP ne se penche toujours pas sur les conditions du développement des formations des lycées professionnels publics – à quand un chantier global dévolu à la promotion des formations professionnelles et technologiques ?
Qu’on nous permette pour finir de clarifier un point : si la FSU se montre régulièrement critique de la politique de promotion de l’apprentissage, elle ne remet pas en cause la compétence et le dévouement des formateurs des Centres de formation ; pas plus qu’elle ne nie l’implication et la volonté de transmettre l’amour du métier de nombre de professionnels qui consacrent leur quotidien à former des apprentis.
A cet égard leur désir de reconnaissance est compréhensible.
Mais alors peut-être comprendra-t-on aussi le sentiment d’injustice et la profonde indignation ressentis récemment par l’ensemble de la communauté scolaire lorsqu’au détour d’une campagne nationale de communication sur sa « vision » de la formation, une grande organisation patronale a pris prétexte du drame du chômage des jeunes pour accuser l’École de ne pas faire son travail !