Intervention de Jean Luc LE GUELLEC – FSU –

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Lors du débat sur les orientations budgétaires, la FSU avait déjà critiqué le choix gouvernemental de réduire les dotations aux collectivités locales au nom de la lutte contre les déficits publics. Les dotations de l’Etat subiront dans le budget de la Région Bretagne une diminution de 13% en 2014, diminution qualifiée par euphémisme de « minoration » dans le texte du projet de BP. Le ralliement du Président de la République à la politique de l’offre se traduit par la volonté de réduire massivement les emplois dans les collectivités locales. Les collectivités locales, qui n’auraient pas compris que pour lutter contre le chômage, il faut supprimer des emplois seront soumises à un « bonus – malus ». Nous avons donc toutes les raisons d’être inquiets quant à l’avenir des dotations de l’Etat et les perspectives budgétaires pluriannuelles envisagées par la Région vont être sérieusement affectées par l’adhésion du gouvernement aux thèses néolibérales. Le conseil régional qui sait parfois exprimer un désaccord avec le gouvernement (comme, par exemple, sur le thème de la décentralisation) serait bien inspiré, aux yeux de la FSU, de résister à une politique qui s’annonce dévastatrice pour les capacités d’action de la Région.

Le choix volontariste de développer les investissements publics est un bon choix et l’annonce de la décision de construire (enfin !) un lycée public dans le bassin de Ploërmel est une bonne nouvelle. Pour autant, cette décision n’épuise pas les réponses nécessaires à apporter, au niveau régional, à la pression de la démographie lycéenne. La FSU se retrouve totalement dans l’avis du CESER sur cette problématique tant dans l’avis relatif au programme 421 de la mission IV du projet de BP que celui qui porte sur le bordereau spécifique du nouveau lycée de Ploërmel. La FSU insiste à nouveau sur l’urgence de la situation dans le bassin rennais, les lycées de ce secteur verront leur capacité d’accueil saturée dès la rentrée prochaine et le blocage sera total à la rentrée 2019 de l’avis même du DASEN 35. Pour la FSU, tergiverser plus longtemps, c’est-à-dire accepter d’aller « dans le mur », serait totalement irresponsable. Il faut absolument que la décision de construire un nouveau lycée public à Rennes soit prise cette année. Puisque tel n’est pas le cas dans ce projet de BP, rien n’empêche de prendre cette décision à l’occasion de la DM1 du printemps prochain. La FSU est bien décidée à mener la bataille pour qu’il en soit ainsi. Si l’argument des contraintes budgétaires nous est opposé, la FSU à quelques idées sur des économies budgétaires possibles, elle prête à en faire part au conseil régional si besoin.

L’avis du CESER a raison d’alerter sur deux indicateurs qui sont considérés comme stables dans les prévisions régionales d’effectifs lycéens pour la prochaine décennie alors qu’ils varient déjà. Le premier est relatif au partage public/privé, le positionnement officiel considère comme un dogme le partage 60/40 alors que dans le bassin rennais, pour les lycées, nous approchons déjà les 70% des effectifs lycéens dans le public. Pour la FSU, les autorités ont l’obligation républicaine de mettre le service public d’éducation en capacité de répondre à la totalité de la croissance de la démographie scolaire attendue. L’autre indicateur porte sur le taux de passage des élèves de 3ème en seconde, aujourd’hui il se situe à 70% et est considéré dans les prévisions rectorales comme invariable. Une telle hypothèse est en contradiction avec l’objectif d’élévation du niveau de qualification pourtant inscrit comme un des axes du CPRDF.

En contradiction, aussi, avec cet objectif, la volonté de favoriser l’apprentissage c’est-à-dire non pas seulement d’améliorer la qualité de la formation offerte aux apprentis, ce qui est une bonne orientation, mais d’augmenter le nombre d’apprentis. Comment prétendre, à la fois, faire sortir le plus tôt possible le maximum de jeunes vers la vie active et accroître la part de jeunes accédant aux études supérieures ? Pour sortir de cette contradiction, il fallait faire un choix, le projet de BP en fait un et, pour la FSU, ce n’est pas le bon.

Concernant les autres programmes de la mission IV, la FSU se retrouve dans l’avis du CESER même si elle reste dubitative sur les fonds accordés à l’enseignement privé. Pour l’enseignement supérieur, la situation reste très incertaine alors que des échéances importantes approches. La FSU invite la Région à être plus offensive pour éviter une structuration inter-régionale de la CUE qui rendrait caduque son schéma ESR et qui ferait obstacle à l’émergence d’une organisation cohérente d’une ESPE académique.

La FSU réitère son désaccord sur l’expérimentation du SPRO présentée comme une des priorités de la mission III. Les « compétences respectives » de l’Etat et de la Région telles que prévues par la Loi (l’Etat conservant sous sa responsabilité l’orientation des élèves et des étudiants) peuvent devenir, du fait de l’expérimentation, une « compétence partagée » avec la Région comme « chef de file » : c’est bien l’inquiétude de la FSU. Inquiétude renforcée par l’idée d’ouvrir le SPRO à d’autres organismes intervenants y compris privés. Concernant le rapport d’Alcanéa Conseil remis à la Région, la FSU souhaiterait savoir quelles conclusions en a été tirées et quel fut le coût de cette externalisation de la réflexion.

La FSU est indignée par l’évolution du programme 313 et partage les remarques faites par l’avis du CESER. En effet, les stagiaires se dirigeant vers les prestations d’orientation professionnelle (POP) ou vers le contrat d’accès à la qualification (CAQ) ne bénéficieront plus d’une rémunération mais d’une bourse avec toutes les conséquences négatives liées à ce changement. Voilà une décision qui ne contribue pas à rendre crédible le volet social du Pacte d’avenir. Certes, la Région n’est pas la seule à envoyer un tel signal négatif puisque le Rectorat d’académie vient de décider de supprimer des postes de professeurs des écoles dans trois départements dont le Finistère ; chacun sait ici comment ce territoire est affecté par la crise de l’agroalimentaire. Volet social du Pacte d’avenir : c’est vraiment mal parti !