Intervention de Jean Luc LE GUELLEC au nom de la FSU Bretagne
Dans ce volumineux et riche rapport, la FSU ne peut qu’être sensible à la place importante faite à l’Education Physique et Sportive (EPS) et à sa dimension éducative. Ce point est à nos yeux important quand tant de communications sur le sport font l’impasse sur l’EPS et quand tant d’élus se focalisent encore trop souvent sur les seules dimensions du sport-spectacle ou du sport de compétition. Nous trouvons, aussi, dans cette étude, une analyse fouillée de certaines notions : sport, sédentarité, santé. L’activité physique est bien distinguée du sport.
Avec le Syndicat National de l’Education Physique (SNEP), la FSU souhaite apporter des compléments d’analyse qui, pour certains, ont une dimension critique. Que personne n’y voit, ici, un désaveu du travail présenté.
Qu’il faille aborder les questions de sédentarité et d’obésité est chose importante, mais cela ne doit pas conduire à minorer, ce qui pour la FSU est essentiel : l’ensemble des aspects liés au développement culturel de l’individu par la confrontation exigeante aux activités sportives et artistiques de notre temps. Nous n’insisterons jamais assez sur les questions d’apprentissage, d’appropriation de techniques et de savoirs. De ce point de vue, qualifier l’EPS de « sport éducatif » convient mal. L’EPS est surtout devenue au fil du temps une discipline scolaire qui a acquis sa propre spécificité, ses propres contenus, ses programmes, ses horaires…
Pour la FSU, le rapport Ecole/Culture devrait être au centre des débats. Pas plus qu’il ne faille réduire les mathématiques à l’apprentissage du calcul ou les sciences économiques à la gestion d’un budget familial, il ne faut réduire l’EPS à son rôle sur les questions de santé ou à la part qu’elle prend dans la lutte contre l’obésité (qui constitue par ailleurs un réel problème de santé publique).
Notre approche de l’EPS est culturelle au sens où les élèves sont conduits à s’approprier des éléments du patrimoine humain à travers un certain nombre de compétences et de connaissances enseignées. Ici, c’est le sport, ailleurs c’est la musique, la littérature, les sciences… Si nous pouvons nous permettre cette expression, nous dirons que cette approche culturelle va bien au-delà du seul « bouger pour perdre quelques kilos ».
L’EPS a donc une valeur en soi, c’est bien pourquoi on ne peut penser les relations de l’EPS avec les autres disciplines scolaires sous l’angle de l’instrumentalisation (faire du VTT pour aller visiter un monument historique, par exemple). L’expérience des travaux personnels encadrés (TPE) au lycée montre que l’interdisciplinarité avec l’EPS n’est pertinente que lorsque son contenu propre, en termes de savoirs, est intégré au projet.
C’est bien parce que l’EPS est une discipline d’enseignement comme les autres que la FSU ne partage pas la proposition de la placer en milieu ou en fin d’après-midi. Ce serait quelque part la reléguer comme activité de défoulement après le travail « sérieux » de la journée. D’autre part, dans un contexte où le manque d’équipements est notoire et très généralisé, la pratique deviendrait tout simplement impossible du fait de la saturation des stades, salles, piscines :
afflux massifs des scolaires et des usagers des clubs sur des créneaux réduits. Il serait par contre judicieux de réfléchir à une bonne optimisation des créneaux du lundi matin au vendredi après-midi. Il faut, par ailleurs, éviter le créneau 13h-14h, en effet, l’organisme est alors en digestion et répond plus difficilement aux besoins liés à l’effort physique. Voilà un ensemble de raisons qui justifie des choix de programmation sur la journée.
Les pratiques fédérales ont leur propre légitimité que ni les professeurs d’EPS, ni la FSU ne contestent. Simplement, les missions de l’EPS sont différentes de celles des fédérations et, de fait ou statutairement, le professeur d’EPS n’est pas au service des fédérations, il dépend du ministère de l’Education Nationale depuis 1981, il n’a pas lieu de lui en faire le reproche. Des liens existent, en particulier, dans le cadre de l’UNSS entre l’EPS et les pratiques fédérales et quand le SNEP a élaboré son référentiel technique pour la construction des gymnases, il l’a conçu, bien sûr, en fonction des exigences de l’EPS mais, aussi, dans l’idée d’une fonctionnalité adaptée aux pratiques des clubs, ce que reconnaissent d’ailleurs les fédérations. Il n’y a donc pas de « réticences » à des relations avec le mouvement sportif fédéral, mais au contraire, souhait de coexistence et parfois de coopération dans le respect des identités de chacun.
Pour la FSU, la question des équipements sportifs est centrale. Certes, il faut des équipements pour le spectacle sportif de haut niveau : par exemple, une piscine olympique par département, deux ou trois grands stades par région : il n’y a pas, contrairement à une idée reçue, d’hostilité à de tels projets de la part de la FSU mais, qui peut nier le risque de voir des sommes colossales destinées aux constructions d’espaces pour le seul sport spectacle de compétition au détriment des autres fonctions : éducation, loisir, détente…
Il faut des espaces multifonctionnels proches des écoles, collèges et lycées et, parfois même, intégrés aux établissements scolaires. C’est pour répondre à l’exigence de multifonctionnalité que le SNEP propose des solutions concrètes par ses référentiels. La FSU s’est déjà félicitée que le référentiel technique du PPI du conseil régional, aujourd’hui baptisé « éco-référentiel », intègre les préconisations du SNEP pour les espaces sportifs : grands salles, salles spécialisées.
En matière d’équipements sportifs destinés aux lycéens, des pas importants ont été franchis au cours de la précédente mandature. Dans la nouvelle, il faut aller, encore, beaucoup plus loin. Nous redisons, que si la Région doit travailler en collaboration avec les autres collectivités locales, elle doit, aussi, être à l’initiative dans la construction de nouveaux équipements y compris des gymnases intra-muros. Puisqu’il est envisagé la construction d’un ou plusieurs lycées publics avant la fin de la décennie, la FSU sera vigilante pour que les équipements sportifs soient, avec ambition, intégrés aux projets.
Dans le PPI, 2005-2009, des militants du SNEP ont participé aux travaux du groupe de suivi qui a fait un bon travail. La FSU souhaite qu’un groupe de travail de même nature soit mis en place pour le PPI 2010-2014.
Nous avons focalisé notre intervention sur des points qui, à nos yeux, font problème. Il n’en reste pas moins que le rapport présenté est remarquable tant en réflexion qu’en densité. Nous sommes convaincus qu’il va générer de nombreux débats. La FSU s’y impliquera avec comme orientation : « plus et mieux d’EPS en Bretagne dans des équipements adaptés permettant l’accès de tous à une vraie culture physique ! »