Intervention de Jean Luc LE GUELLEC – FSU –

 

Nous ne sommes pas déçus, une fois encore ce nouveau travail de la section prospective est de grande qualité. L’appropriation sociale et la mise en débat des sciences et technologies croisent les préoccupations de la FSU à un double titre. D’abord, en tant qu’organisation syndicale regroupant nombre de professionnels de l’éducation et de la recherche et, ensuite, comme force engagée dans des controverses économiques et sociales au cœur desquelles l’expertise scientifique est souvent sollicitée parfois même instrumentalisée.

La FSU apprécie que la première préconisation porte sur la nécessité de mieux intégrer la culture scientifique et technique dans les programmes scolaires. Même si elle ne se limite pas à l’Ecole, l’apprentissage des savoirs scientifiques et techniques se réalise d’abord dans le cadre scolaire de la maternelle à l’université. Les obstacles qui contrarient la transmission des savoirs scientifiques à l’Ecole sont de quatre ordres. Le premier renvoie aux conditions matérielles d’exercice de l’enseignement, le second au contenu des programmes, le troisième à la formation des enseignants et le quatrième à la place des sciences et techniques dans l’orientation et les parcours des jeunes.

La FSU, avec d’autres dans cette assemblée, a eu souvent l’occasion de déplorer les effets des suppressions de postes et son corolaire les réductions d’heures d’enseignement. Sait-on, par exemple, qu’au collège la réduction d’horaire en mathématiques correspond à une année pleine d’enseignement en moins de cette discipline au regard de la norme du début des années 80. Les autres disciplines scientifiques et technologiques ont subi des sorts proches. Par ailleurs, la diminution des travaux en petits groupes rend très difficile, par exemple, d’expérimenter en sciences expérimentales. Chacun comprend bien, aussi, que la suppression de la formation professionnelle des enseignants n’aide pas à ce que nos jeunes collègues s’approprient la didactique de leur discipline.

S’il est impossible de faire l’impasse sur ces réalités, la question des contenus des programmes et des pratiques pédagogiques est, aussi, posée. L’insuffisance de l’histoire des sciences et de l’épistémologie dans les programmes d’enseignement est une grande faiblesse de notre système éducatif. Il y aurait pourtant là de quoi accroître l’intérêt pour les sciences tout en permettant de croiser les regards avec d’autres disciplines tant les enjeux scientifiques sont encastrés dans les rapports sociaux, économiques et culturels : c’est d’ailleurs ce que montre très bien cette étude de la section prospective.

Pour la FSU, les contenus et les pratiques doivent, à tous les niveaux, permettre à chaque élève de construire une appréhension globale du monde qui l’entoure et des controverses qui le traversent. Il doit développer ses connaissances, son esprit critique et son pouvoir d’agir. Quand au lycée arrive l’heure de la diversification, les programmes doivent être construits en cohérence au sein de chaque série afin de permettre des travaux interdisciplinaires. La culture scientifique et technique étant une composante de ce que nous appelons la « culture commune », elle doit être présente dans tous les parcours empruntés même si elle doit être spécifique, bien entendu, à chaque profil de formation choisi, c’est pourquoi la FSU n’est pas d’accord avec l’idée de réduire à la portion congrue l’enseignement scientifique dans la voie littéraire. A l’inverse, nous militons pour un enseignement de philosophie dans les formations professionnelles et technologiques. Nous sommes, d’autre part scandalisés, par la suppression de l’enseignement d’histoire géographie en terminale scientifique comme si un scientifique n’avait pas besoin de formation citoyenne !

Ce n’est pas seulement parce qu’elle est un support de coupes budgétaires que la FSU combat l’actuelle réforme des lycées c’est, aussi, parce qu’en terme de contenu elle tourne le dos, par exemple, à la nécessaire réflexion pour l’intégration des savoirs scientifiques techniques dans des voies et des séries différenciées.

Concernant la recherche, la FSU approuve totalement la préconisation d’introduire plus de diversité. Il est vrai que « les recherches « appliquées » l’emportent sur les recherches « fondamentales », les recherches hautement technologiques sur les recherches moins technologiques, les recherches liées à certains secteurs industriels/ du marché sur les recherches non gérées par le marché…Or la diversité dans la recherche et l’innovation est indispensable pour trouver les meilleures options pour résoudre les défis auxquels sont confrontés les sociétés du 21ème siècle ».

La FSU forme le vœu que le conseil régional prenne vraiment bien compte cette préconisation de l’étude prospective dans l’élaboration de son schéma régional de l’enseignement supérieur.et de la recherche.

Notre intervention est, ici, centrée sur les enjeux liés à notre champ de responsabilité syndicale mais la FSU tient à souligner l’intérêt qu’elle porte à toutes les autres dimensions liées à l’appropriation sociales des sciences et des techniques évoquées dans cette étude. Etude qui, espérons-le, servira de levier à de nombreux débats citoyens.