Après le CAEN et le CREFOP le CESER a examiné à son tour la Carte des formations pour la rentrée 2017.
Si le projet de la Région semble vouloir un meilleur équilibre dans les ouvertures, on est encore loin d’une carte donnant aux formations professionnelles du public la place qui devrait leur revenir.
La FSU a tenu également à marquer ses distances avec un avis du CESER faisant une nouvelle fois la part belle aux formations de l’apprentissage. Elle s’est donc abstenue sur l’avis du CESER.
A l’encontre de « l’employabilité » promue par la représentation patronale la FSU a rappelé que la priorité de la formation initiale doit viser avant tout l’intérêt des jeunes en tant que personnes et en tant que futurs citoyens acteurs de la société de demain.
Intervention de Jean-Marc CLERY – FSU
Pour la FSU, la carte des formations 2017 s’inscrit dans un cadre nettement plus favorable que les années précédentes, et le CESER a eu raison de souligner un engagement plus important dans les projets d’ouvertures. On peut également noter une volonté de rééquilibrer un peu plus les propositions d’ouverture entre les différentes voies de formation.
En revanche, si la FSU reconnaît volontiers, comme le CESER, que l’élaboration de la carte s’inscrit désormais davantage dans une démarche de moyen terme, la FSU maintient quant à elle qu’il y a encore des progrès à accomplir dans le processus d’élaboration des projets en amont des instances. Les personnels impliqués sur le terrain dans ces projets et leurs représentants y sont prêts ; mais il reste encore à mettre en œuvre les espaces de dialogue adéquats. La FSU ne désespère pas qu’on finisse par y parvenir.
Le CESER a émis le vœu que le travail sur la carte permette une diversification de l’offre de proximité sur tout le territoire afin de permettre à tous les jeunes de s’engager dans une formation de leur choix. La FSU dit sa satisfaction de voir cet objectif mis en avant. Cela d’autant plus que, bien souvent, au nom de la « mise en cohérence de l’offre de formations », d’aucuns oublient que pour les jeunes et leurs familles, le choix entre le public et le privé, entre le statut scolaire et l’apprentissage, n’est pas équivalent, que ce soit en termes de coût ou en termes de recherche d’employeurs.
En matière d’équilibre entre les voies de formation, si l’on veut vraiment passer du vœu à la réalité , il y a vraiment beaucoup à faire. Chacun peut constater actuellement la rareté, voire l’absence, de nombreuses formations sous statut scolaire public dans de nombreux secteurs d’activité qui sont pourtant attractifs, cela aussi bien en termes de perspectives d’insertion professionnelle que de représentation positive. C’est particulièrement le cas dans les métiers de bouche pour plusieurs formations dont l’indice de sélectivité est très élevé ; on pourrait aussi prendre l’exemple des formations publiques dans le domaine de l’esthétique niveau IV quasi absentes alors que, là aussi, il existe une très forte demande de la part des jeunes. La quasi-absence du public au profit du réseau privé confessionnel au niveau de certains territoires est également un fait marquant.
En l’état, la FSU est assez dubitative quant à la « culture de coopération » que le CESER voudrait voir s’instaurer entre les établissements des différents réseaux de formation initiale dans les territoires. Pour elle, ce sont les formations publiques qu’il faut en priorité développer car les manques sont considérables. La FSU est en tout cas toute disposée, elle aussi, à ce que des éléments objectifs soient produits pour éclairer sans a priori la décision en matière d’ouverture de formations ; et elle se réjouirait d’orientations plus volontaristes sur ce plan.
Mais pour la FSU, il ne s’agit pas de demander à la Région de se montrer plus « directive » – et surtout pas pour lui demander d’imposer une quelconque adéquation, toujours bien hypothétique, entre l’offre de formations et les besoins locaux en main d’œuvre.
Justement parce que les enjeux de la formation pour les jeunes vont bien au-delà de la simple adaptation aux besoins du « marché du travail », une politique volontariste au service de l’intérêt général doit viser en premier lieu, non pas l’employabilité de ces futurs travailleurs, mais avant tout leurs intérêts en tant que personnes et en tant que futurs citoyens acteurs de la société de demain.
Pour ces raisons, la FSU continue à formuler des réserves sur les recommandations du CESER. Elle s’abstiendra donc sur l’avis, tout en appréciant positivement l’approfondissement du dialogue avec la Région sur les enjeux de la carte des formations.