Déclaration FSU au CCREFP du 26 novembre 2008

Il est difficile d’appréhender sérieusement les points mis à l’ordre du jour sans prendre la
mesure de la crise qui connaît chaque jour de nouveaux rebondissements.
En effet, la crise qui secoue l’économie mondiale, et continue de s’aggraver, fait
désormais sentir ses effets sur les conditions de vie et de travail des salariés. Les
mesures de chômage technique, les plans de licenciements tels ceux de PSA, Doux ou
Motorola, ou les annonces aujourd’hui de 45000 suppressions d’emploi au niveau national
dans le bâtiment, montrent qu’aucun secteur ne sera épargné par les effets
catastrophiques des politiques libérales qui ont, des années durant, déréglementé,
baissant la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut de 10 points en deux décennies
au nom de prétendues vertus dont on a affublé la concurrence généralisée.
Dans ce contexte, nous ne pouvons que réaffirmer la nécessité de politiques publiques, à
tous les niveaux, qui soient protectrices pour l’ensemble de la population, qui soient
davantage redistributives des richesses produites en terme de salaire, de pouvoir d’achat,
et qui mettent en avant le service public contre la concurrence généralisée.
En ce sens, les diverses mesures qu’avance le gouvernement s’attachent davantage à
vouloir persévérer dans une voie dont la crise témoigne combien elle est erronée. Nous
ne pouvons que le dénoncer !
Pourtant nul ne saurait mettre cette crise sur le compte du hasard, ou d’un accident
financier. De nombreuses expressions des organisations syndicales, d’économistes, de
chercheurs avaient déjà pointé la catastrophe que la baisse continue depuis 20 ans de la
part des salaires dans le Produit Intérieur Brut pouvait produire.
A titre d’illustration, un rapport prospectif du Conseil Economique et Social Régional de
Bretagne adopté en novembre 20051 avait pointé plusieurs éléments constitutifs de la
crise que connaît aujourd’hui le système.
Citons :
« Alors que l’on avait théorisé le nouveau rôle de l’Etat stratège et régulateur, c’est à
un retour en force de l’Etat opérateur que nous avons assisté et pour tout dire d’un
Etat plus présent dans toutes es fonctions autres que sociales ».
et de poursuivre en posant, parmi d’autres, l’hypothèse d’un scénario « Ce nouvel
interventionnisme a été d’abord la conséquence de la crise financière, fatigué de
compenser les « trous » des banques aux créances douteuses, banques dont
certaines ont été décapitées, l’Etat a du nationaliser une partie du système
bancaire ».
Dans ce scénario, les remarques suivantes étaient faites : « depuis la « nouvelle grande
crise », les organisations internationales sont décridibilisées et, au lieu de leur
réforme tant annoncée, c’est à un affaiblissement considérable de leur pouvoir de
1 Evolution des bases de l’industrie bretonne à l’horizon 2021. Jean-Luc LE GUELLEC et Michel DAVID
régulation auquel on assiste »
Et la prévision suivante avait alors été faite : « Comme les autres « blocs régionaux »,
l’Union européenne est affaiblie politiquement. Durement touchés, eux aussi, par la
crise financière, les Etats membres ont des positionnements très différents dans le
champ des rivalités mondiales. Une fois encore, l’Union européenne est incapable
de s’affirmer comme puissance dans ce nouveau contexte géopolitique. Dans ces
conditions de « simple » expression protestataire au début du siècle, le nationalisme
est devenu une orientation politique assumée par plusieurs gouvernements
européens ».
Et bien avant et sans évidemment connaître le discours du Président Sarkozy au salon de
l’automobile en octobre 2008, nous pouvons lire, page 201,  » Parce que l’Etat ne
souhaite pas que l’industrie automobile française connaisse le même sort que son
homologue britannique au siècle dernier, il a réagi vivement… en subventionnant
cette industrie afin qu’elle opère les reconversions nécessaires »
Et pourtant, ce secteur, comme d’autres, s’apprête à licencier massivement ! Sans
qu’aucune contrepartie industrielle, encore moins sociale, ne soit envisagée au
subventionnement public.
Alors qu’au contraire un plan de sauvegarde digne de ce nom devrait prioritairement
protéger les salariés.
•Cela passe par l’arrêt immédiat des logiques de destruction du code du travail et de
remise en cause des garanties collectives que la recodification porte.
•Cela passe par la reconstruction d’un véritable service public de l’emploi qui devrait
renforcer son rôle d’accompagnement et de conseil des usagers. A l’inverse le nouveau
Pôle emploi promeut une logique de contrôle renforcé et de placement contraint ou de
radiation des demandeurs d’emplois.
•Cela passe par la création d’un grand service public de formation professionnelle qui
garantisse à la fois l’accès facilité à ce droit des salariés, une redistribution juste des
financements, la possibilité d’une politique qui soit assise sur une vision à long terme
d’élévation du niveau de qualification autant que du niveau général permettant aux
salariés de contruire leurs carrières dans la sécurité.
•Cela passe enfin par un rééquilibrage en faveur des salariés en terme de salaire, de
pouvoir d’achat, de garantie d’emploi, de réduction du temps de travail, de protection
sociale renforcée, de droit à la retraite à taux plein à 60 ans après 37,5 annuités.
Les milliards mis sur la table par l’Etat prouvent que les possibilités de financement
existent.
La FSU travaillera à construire toutes les convergences avec les autres organisations
syndicales pour que les salariés ne soient pas ceux qui, finalement, paieront une fois de
plus les effets de la crise.
La dégradation des conditions d’emplois conduisant à une augmentation importante du
nombre de demandeurs d’emplois, le caractère désormais dépassé des politiques à court
terme exclusives en direction des métiers en tension, les inquiétudes que l’on peut avoir
sur le niveau d’indemnisation du chômage et sa durée doivent conduire à réinterroger la
Stratégie régionale emploi-formation, et à dénoncer les politiques de déréglementation du
travail.

Orientation politique de formation

Intervention d’André Le Bourg pour la FSU –

Nous souhaitons, une nouvelle fois, attirer l’attention sur le danger qu’il y a à bâtir les formations en tenant compte prioritairement des besoins immédiats, à court terme ou locaux. En effet, les retournements brutaux de situation (automobile, bâtiment…), liés à la crise que nous évoquions dans notre intervention préalable (45000 emplois en moins dans le bâtiment annoncés par les médias ce matin…), suscitent des interrogations.

Que deviennent les fameux métiers dits « en tension » dans un contexte de disparition massive des emplois ? Qu’adviendra-t-il des jeunes que l’on a incités à s’orienter (à grand renfort de publicité pour l’apprentissage) vers ces métiers ? Que deviendront les nombreux jeunes qui se retrouvent en rupture de contrat d’apprentissage comme l’a souligné la récente étude du GREF ?

Une autre étude, un peu plus ancienne, montrait que, majoritairement, les sortants de formation continue ne s’insèrent pas dans les métiers du domaine pour lequel ils ont été formés.

Il y a en fait tout intérêt à construire des formations de niveau élevé, les plus « larges » possible (alliant notamment formation professionnelle et formation générale) pour donner aux jeunes des chances d’insertion et de réinsertion maximales. A titre d’exemple, c’est la raison de notre opposition au développement des CQP et de notre attachement aux diplômes.

Il est donc souhaitable d’orienter en ce sens la politique d’offre de formation et, comme nous le disions dans notre introduction, de réinterroger la SREF.