Déclaration FSU faite lors du CSE du 11 avril 2012
Monsieur le Ministre, ce CSE est le dernier avant d’importantes échéances électorales. Il nous invite à regarder les sujets à l’ordre du jour au regard du bilan de ces 5 dernières années.
La FSU n’a jamais pensé que les créations de postes permettraient de résoudre à elles seules les difficultés du système éducatif à faire réussir tous les élèves. Elle a toujours conditionné la question des moyens à celle du projet éducatif sous tendu. Mais force est de constater qu’à l’inverse, les suppressions massives de postes (80 000 en 5 ans) ont asphyxié l’Ecole, du primaire au lycée. Chacun en mesure mieux d’année en année les conséquences et les nombreuses mobilisations de l’ensemble de la communauté éducative ont permis d’alerter l’opinion public sur cette situation : augmentation des effectifs par classe dans les écoles, collèges et lycées, affaiblissement du potentiel de remplacement, multiplication des affectations sur 2 voire 3 établissements, suppression de dispositifs d’aide particuliers aux élèves comme les RASED, multiplication d’heures supplémentaires qui plus est défiscalisées…Si la prochaine rentrée scolaire doit se faire dans ces conditions, elle sera catastrophique pour les élèves. C’est pourquoi la FSU demande des mesures d’urgence pour la prochaine rentrée et un collectif budgétaire.
Cette politique du non remplacement d’un fonctionnaire sur 2 partant à la retraite dans la Fonction publique est d’autant plus préjudiciable qu’elle a été conjuguée à des réformes néfastes. Qu’il s’agisse de la LRU, des mesures pour l’école primaire, de l’accompagnement éducatif, des internats d’excellence, de l’introduction du livret personnel de compétences, de la réforme du lycée et notamment de la voie professionnelle, du dispositif Eclair, de l’orientation scolaire, de l’autonomie accrue des établissements et, dernier avatar de votre politique destructrice, le projet concernant l’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation que vous voulez imposer coûte que coûte…sans compter qu’aujourd’hui des propos remettant en cause le collège comme lieu de scolarité commun à tous les jeunes, en réinstaurant un palier d’orientation en fin de 5e, et la promotion de l’alternance obligatoire en dernière année de bac pro et en CAP ne peuvent que nous inquiéter.
Ce n’est pas en contournant les problèmes qu’on les résout c’est en cherchant à les affronter. Cela nécessite de repenser le fonctionnement du système éducatif (contenus d’enseignement, formation des personnels, pratiques professionnelles…) afin de s’attacher à prendre en charge tous les élèves, en classe, et particulièrement ceux qui sont le plus en difficulté, pour les mener sur le chemin de la réussite scolaire.
Les réformes actuelles ne l’ont pas permis. Et faut-il rappeler l’insulte au métier d’enseignant que constitue la réforme de la formation des enseignants qui a supprimé toute réelle formation pour nos jeunes collègues. Quant à la revalorisation des enseignants, et celle de l’ensemble des personnels, elle n’aura pas eu lieu…
Nous ne pouvons pas terminer ce rapide bilan sans dire un mot sur le dialogue social au sein du ministère de l’Education nationale. Il est quasi inexistant depuis déjà longtemps : difficile d’avoir un réel bilan de la manière dont se sont déroulés les élections professionnelles ; impossible de discuter de la question de l’évaluation des enseignants ou malgré l’opposition de toutes les organisations syndicales, les textes arrivent quand même aujourd’hui au CSFPE… Aujourd’hui sera discuté le projet de cahier des charges de la formation. Cela illustre encore le manque de dialogue social : alors que la réforme mise en œuvre est dénoncée de toute part, vous présentez un texte qui entérine des dispositifs désastreux. La FSU continue de porter l’exigence d’une remise à plat de la situation pour construire une réelle formation des enseignants.
Faut-il rappeler que les organisations représentent les personnels et que l’absence de dialogue social constitue un refus d’entendre leur avis sur la politique éducative ?
Quant au CSE, il est plus souvent une simple chambre d’enregistrement qu’une réelle instance de concertation. Et nombre d’avis quasi unanime de la communauté éducative n’ont pas été pris en compte….
La circulaire pour la rentrée 2012 poursuit dans le sens de la politique éducative engagée depuis 5 ans.
Pour la FSU, l’Education est une question majeure. Une responsabilité déjà vis à vis de notre jeunesse et une question d’avenir pour toute la société. Car penser le système éducatif du XXIe siècle oblige à imaginer l’avenir. Notre société évolue, ses besoins se diversifient, les savoirs se complexifient, les élèves changent. L’Etat doit donner aux futures générations les outils d’émancipation pour faire face aux défis de demain. Cela nécessite de transformer le fonctionnement du système éducatif pour en réussir sa démocratisation.
Pour tout cela, des moyens humains seront indispensables car pour apprendre il faut une médiation, des passeurs. On ne fera pas l’économie de la formation, du recrutement et de la revalorisation d’équipes pluri-professionnelles (enseignants, conseillers principaux d’éducation, conseillers d’orientation-psychologues, surveillants, assistants sociaux, infirmières, personnels administratifs et ouvriers). Mais ces moyens ne seront efficaces qu’au service d’un nouveau pacte éducatif entre l’école et la société afin de mettre un terme à l’échec scolaire et réussir la démocratisation du système éducatif. La FSU poursuit son engagement en ce sens.