INTERVENTION de Claudine LEMASSON

DEPENDANCE

La FSU se retrouve dans dans la plupart des réflexions de l’avis proposé de dimensions principalement sociétales et régionales.

On ne peut, pour autant, faire l’impasse sur le projet gouvernemental. Ce projet, qui consiste à privilégier le recours aux assurances privées n’est pas acceptable.

Pour la FSU, le financement de la perte d’autonomie doit s’inscrire dans le cadre de celui de la protection sociale et plus généralement dans celui d’une refonte d’ensemble des prélèvements obligatoires, conforme aux exigences de justice sociale et favorisant l’emploi et le développement durable, passant à la fois par une réforme fiscale et une réforme fiscale et une réforme des cotisations sociales.

La FSU rappelle ses propositions pour une fiscalité plus juste, ce qui implique une réelle progressivité de l’impôt, tout en maintenant une imposition du patrimoine et de ses revenus ainsi que la t axation des revenus financiers, bonus et plus values. Elle rappelle également sz demande de remise en cause des niches fiscales et des exonérations de cotisations sociales, et la refonte de ces dernières selon des modalités nouvelles favorables à l’emploi et aux salaires.

Dans cette problématique, les femmes sont particulièrement concernées.

En effet, les femmes sont majoritaires parmi les personnes concernées par la dépendance :

elles sont majoritaires parmi les personnes dépendantes, parmi les personnes aidant une personne dépendante de son entourage (les femmes représentent les trois quarts des aidants familiaux), enfin parmi les salariés travaillant dans les services d’aide à la personne (ce secteur est féminisé à 90%).

les femmes se retrouvent majoritaires à la fois parmi les aidant-es familiaux et parmi les personnels des services d’aide à la personne, sont le résultat de la division sexuelle du travail qui règne dans la sphère privée comme professionnelle. S’occuper des autres, apporter des soins aux proches est considéré comme une fonction « naturelle » des femmes. En tant que telle, les compétences qu’elle recouvre ne sont ni reconnues, ni valorisées. Dans la sphère privée, l’aide apportée par les proches, appelée aussi solidarité familiale, vient grossir le volume de travail informel et invisible, travail domestique et parental essentiellement fourni par les femmes. Dans la sphère professionnelle, les emplois des services d’aide à la personne se caractérisent par de faibles salaires, la prédominance du temps partiel et d’employeurs multiples, et par des emplois du temps morcelés. Ce secteur est synonyme de précarité pour les femmes.
Si rien n’est fait pour changer, la sectorisation des emplois, féminins d’un côté, masculins de l’autre, ne peut qu’en être encore renforcée..

La soi-disant complémentarité des femmes et des hommes est une notion qui se traduit objectivement par une division du travail qui s’exerce au détriment des femmes. Les métiers autour de l’aide aux personnes en sont une des meilleures illustrations.

Alléger la contribution des aidant-es suppose le développement de services répondant aux divers besoins des personnes en perte d’autonomie. Pour le moment, les emplois de ce secteur ne sont pas ou peu valorisés. Les compétences et qualifications indispensables pour s’occuper de personnes n’ayant plus leur entière autonomie sont pourtant bien réelles. Les métiers concernés, aide à domicile, assistante de vie, aide-soignante, infirmière, etc. font appel, comme des études l’ont montré, à un savoir-faire technique (gestion des activités du ménage, polyvalence, capacités d’organisation, etc.) comme relationnel (qualités d’écoute, psychologie, attention, empathie, patience, douceur, vigilance, etc.). Ce ne sont pas des qualités naturellement féminines, comme le véhiculent les stéréotypes, mais bien des compétences acquises dans la sphère privée tout au long de l’enfance, de l’éducation, de la vie adulte, par l’apprentissage et l’assimilation des normes sociales. Il est indispensable de remettre en cause les stéréotypes et de transformer les représentations sociales.

On peut également craindre qu’il prenne ici la forme de petits boulots proposés à des seniors pour s’occuper de plus seniors qu’eux.

Il y a dans la manière d’assurer un développement de ces services qui corrige leurs défauts actuels, un enjeu décisif du point de vue de l’égalité de genre. Il est capital de veiller à créer des emplois stables, qualifiés et à temps plein, qui s’adresseront autant aux hommes comme aux femmes.
Les qualifications et compétences mises en œuvre dans ces métiers doivent être reconnues, notamment à travers la révision des Conventions collectives de ces secteurs, qui sont parmi les plus mauvaises de toutes.
Il est impératif de construire des parcours professionnels par la constitution d’évolution de carrières .Des formations professionnelles qualifiantes doivent pouvoir assurer le déroulement de ce parcours. Enfin, pour lutter contres les stéréotypes sexistes, une politique de l’égalité professionnelle F/H doit être mise en œuvre à tous les niveaux : l’enseignement, la formation, l’orientation professionnelle, le recrutement, l’évolution de carrière.

Le secteur des services d’aide à la personne doit radicalement évoluer pour devenir un service public d’aide à l’autonomie, articulant entre elles les diverses structures et assurant des prestations de qualité fournies par des emplois qualifiés, mixtes, valorisés.