Le document du Conseil régional a raison d’affirmer que la crise n’est ni un phénomène naturel, ni une parenthèse, pour autant, il n’y a pas d’analyse préalable sur la diffusion de la crise en région dans la complexité de ses relations avec la crise mondiale. Cette absence d’analyse fait que le document hésite entre l’affirmation d’une crise systémique et l’idée d’une crise conjoncturelle à l’issue prochaine. Comme c’est plutôt cette deuxième approche qui l’emporte, nous avons une présentation de mesures ponctuelles dont le caractère provisoire est souvent affirmé. Cela renvoie au débat antérieur sur la nature et la durée de la crise et explique, sans doute, comme le note l’avis proposé par le CESR, l’absence de décisions plus structurelles.

Bien entendu, le Conseil régional n’a ni les moyens, ni la compétence de développer seul une stratégie de sortie de crise, il peut, par contre, contribuer à faire face aux effets sociaux de la crise à condition de bien en prendre en compte toutes les dimensions du désastre social qui s’annonce. De ce point de vue, la FSU se reconnaît dans les remarques de l’avis proposé.

La FSU partage, bien sûr, l’idée que l’investissement dans la formation est un axe fort de lutte contre la crise à condition de ne pas en rabattre sur les objectifs d’élévation du niveau de qualification.

Concernant les mesures de renforcement de la formation des demandeurs d’emploi, l’augmentation des bénéficiaires du chèque FORCE va dans le bon sens et la FSU approuve son extension aux demandeurs d’emploi non indemnisés. Compte tenu de l’évolution du marché de l’emploi, la FSU s’inquiète cependant sur la condition restrictive demandée dans certains domaines de formation à savoir « une promesse d’embauche » à joindre au dossier de demande, exemples des domaines concernés : le transport, la manutention, les certificats d’aptitudes à la conduite d’engins spécialisés (caces) chariot élévateur, les cases travaux publics, licence soudure etc.…La création du chèque RECONVERSION, quant à lui, peut favoriser les transitions professionnelles mais il semblerait que pour bénéficier de ce dispositif la personne aura du anticiper sa demande de formation avant son licenciement et que ceux des licenciés qui n’ont pas eu cette prévoyance seraient exclues de ce dispositif, ce qui en limiterait alors la portée. Le dispositif régional TRAJECTOIRE a l’avantage d’associer les notions de durée, de parcours et d’accompagnement, la FSU se demande si une des pistes, face à l’urgence sociale, ne serait pas de faire monter en puissance ce dispositif sans attendre la fin de l’expérimentation en cours. Il aurait l’avantage de concerner les nouveaux et jeunes demandeurs d’emplois entrés en chômage non pas à cause de licenciements mais du fait de l’effondrement des créations d’emplois, cet effondrement est d’ailleurs la cause principale de la croissance du chômage. De ce point de vue, pour la FSU, il importe de poursuivre la réflexion pour tous les publics touchés par la crise, en particulier, ceux devenus chômeurs après une fin d’emploi précaire (fin de CDD, fin d’intérim) ou après une fin d’études.

Ce qui est problématique dans les actions en direction des demandeurs d’emploi c’est que Pôle emploi n’a toujours pas fait connaître la nature des actions de formation qualifiante qu’il va financer, on peut y voir là des disfonctionnements de la fusion Assedic Anpe dans une situation de crise non prévue. Il s’avère que l’entrée principale par les métiers « en tension » est aujourd’hui peu pertinente, la FSU a souvent critiqué, dans le passé, cette approche unilatérale.

Concernant le plan Jeunes, la FSU ne partage pas l’idée que la croissance du nombre d’apprentis peut constituer une solution pour « préparer la sortie de crise ». Chacun reconnaît que les jeunes en rupture de parcours sont les premières victimes de la crise, une étude du GREF a bien montré que 25% des contrats signés en Bretagne se traduisent par une rupture nette, c’est-à-dire sans nouveau contrat à la clé. Il est symptomatique que cette étude du GREF ne soit pas citée dans ce document. La baisse de l’offre de contrats d’apprentis est déjà constatée et il est peu probable qu’avec la crise, nous assistions à une inversion de tendance. Ni souhaitable, ni possible, la stratégie gouvernementale dans laquelle s’inscrit la Région n’est pas le meilleur choix. Il convient de se battre pour contraindre le gouvernement à accroître les places disponibles dans les lycées professionnels pour permettre l’augmentation des parcours sous statut scolaire. Quant à l’idée d’accroître le recrutement d’apprentis dans le secteur public, la FSU y voit une provocation au moment où tant d’emplois sont supprimés.

La FSU considère que c’est un bon choix que d’accélérer la rénovation des lycées pour soutenir la filière du bâtiment. Compte tenu du nouvel effort d’investissement qu’envisage de faire la Région, la FSU propose que, dans ce cadre, des projets initialement prévus pour les lycées dans le PPI (2005 2009) mais abandonnés depuis soient réexaminés, c’est le cas, entre autre, de certaines salles multi fonctions.

Pour revenir sur l’action plus générale face à la crise, en y intégrant le volet économique, la FSU considère, comme l’avis du CESR, qu’il convient de réfléchir à des mesures plus structurelles.