Compte rendu de l’audience FSU au rectorat sur l’enseignement du et en breton.
La FSU a été reçue en audience par le Recteur d’Académie afin de balayer les difficultés de l’enseignement optionnel en breton et de l’enseignement bilingue breton français.
Cette audience n’avait pas pour but de recenser les demandes d’ouvertures ou les risques de fermetures qui seront étudiées dans les instances prévues à cet effet.
Il s’agissait davantage de repérer et de faire remonter les difficultés spécifiques de fonctionnement de l’enseignement du et en breton. Si nous n’avons pas eu de réelles réponses, nous avons pu être si ce n’est être entendus, du moins écoutés.
Après une introduction générale de Jean Luc Le Guellec, secrétaire académique FSU, permettant de poser le cadre, nous avons soulevé un certain nombre de problèmes : (réponses en italique)
En ce qui concerne plus particulièrement le premier degré :
le problème récurrent du non remplacement des enseignants bilingues mettant en péril la continuité de l’enseignement. Les services « sont allés au plus bas » (sic !) dans le recrutement.
le nombre d’enseignants vacataires un peu moins d’une vingtaine : on ne peut se satisfaire d’un enseignement qui institutionnalise la précarité.
La réaffirmation du fonctionnement pédagogique avec un maître pour une classe, le système un maître/une langue étant une fausse bonne idée pour faire face à la pénurie car à moyen terme (voire même avant !) les enseignants bilingues quittent la filière. D’accord, mais il faut en accepter le corollaire c’est à dire la non-ouverture faute d’enseignants en nombre suffisant … donc il faut recruter davantage, non ?
la concurrence entre filières qui joue rarement en faveur de l’enseignement public par les effectifs pris en compte notamment dans une filière ou une autre en poursuite de filière ou lors de création : on voit de nouvelles filières dans l’enseignement catholique se créer alors que la filière de l’enseignement public n’est pas consolidée et ce dans la même commune. pas de réponse
la prise en compte des enfants de moins de trois ans pour nous l’enseignement précoce n’est pas un vain mot et les élèves sont là ! fin de non-recevoir : le rectorat applique la politique nationale
en liaison avec le second degré
la liaison CM2/6ème Nous avons dénoncé une fois de plus les effets pervers d’une politique de pôle qui descend du lycée vers les écoles. Nous avons dénoncé les conditions faites aux familles pour rejoindre ces pôles sans transport spécifique.
Enfin nous avons réclamé la possibilité de 2 DNL dès l’ouverture de filière.
Les pôles ont été redéfinis l’année dernière et constituent une bonne politique. 60% des effectifs poursuivent en 6ème. La montée en charge se fait petit à petit. Là où les effectifs et la ressource humaine le permettent, on peut mettre en place 2 DNL à l’ouverture.
Le rectorat semble se satisfaire d’une constante macabre de 40% d’abandon : inacceptable ! Quand on nous a parlé de moyens, nous avons redit le gaspillage qu’il y avait à former des élèves pendant 7 années pour les voir arrêter à l’issue du CM2 !
Recréer une véritable formation continue tant linguistique que didactique est aujourd’hui une urgence pour sortir de l’isolement, mutualiser et partager les réussites, avoir accès aux derniers outils et recherches sur le bilinguisme et pouvoir enrichir son niveau linguistique.
La dotation ministérielle en congés formation doit être abondée de manière à ce que les départs en congés formation de breton ne rentrent pas en concurrence directe avec d’autres formations.
en ce qui concerne plus spécifiquement le second degré, en bref,
la nouvelle carte des langues (LV dès la 5ème) inquiète et peut mettre très vite en péril l’enseignement optionnel du breton.
Le breton fera partie des LV au choix dès la 5ème. Les élèves bilingues par ce dispositif pourront choisir l’allemand, ce qu’ils ne pouvaient faire avant.
enfin nous avons parlé concours et formation
85 candidats cette année pour 22 postes au concours externe spécial. 11 candidats pour 2 postes au concours interne spécial. mais pourquoi ne pas avoir profité pour abonder sérieusement le nombre de postes aux concours alors que le principal frein au développement est la ressource en enseignants ?
Seuls 50% des candidats se présentent, entre un quart et un tiers de ces candidats n’ont pas un niveau proche de ce qui est attendu. Sur le concours interne, seuls 10% des candidats se présentent.
Nous avons demandé des explications sur ces chiffres et posé la question du pourquoi ? le rectorat est resté sans voix.
La formation initiale à St Brieuc pose des problèmes aux jeunes écartelés entre leur domicile, leur lieu de stage et leur lieu de formation. Quel défraiement peuvent-ils espérer en dehors d’un remboursement partiel d’abonnement SNCF qui, il faut bien le dire, se révèle compliqué à obtenir pour faire (et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres) Douarnenez, Scaër, St Brieuc ? à moins que la SNCF n’ ouvre de nouvelles lignes…
Des réponses seront fournies prochainement sur ce point. Des évolutions quant aux sites pourraient avoir lieu mais pas dans l’immédiat : l’ESPE nouvellement créé a besoin de stabilité
Nous avons formulé le regret qu’aucune personne a la compétence bilingue n’ait été intégrée dans le nouveau dispositif ESPE.
En réponse à notre questionnement, il nous a été dit qu’il n’y avait pas de création de poste d’IEN ou de CP en prévision : 4.25 postes de CP pour 285 ETP.
Nous avons souligné que la faille espace/temps n’existant pas (encore), le temps passé sur la route à rejoindre les sites était particulièrement important de l’ouest à l’est de la Bretagne et ce sur les trois réseaux.
Enfin d’un point de vue plus général, nous avons, conformément aux textes en vigueur, réclamé la réunion de deux CALR (conseil académique des langues régionales) par an.
Nous avons interrogés le Recteur sur sa position quant à la devise de la République qui ne pourrait s’inscrire qu’en langue française.
persiste et signe La réponse du Recteur s’est appuyée sur l’avis des conseillers juridiques du ministère ; la devise de la République étant une entité, elle ne peut se traduire. On est dans le symbolique ; il est bien plus intéressant de parler culture et de mettre en oeuvre des actions culturelles
Nous avons écouté cette étonnante digression sur la nécessité de développer la culture régionale, à laquelle nous ne pouvons que souscrire, à condition qu’elle ne s’inscrive pas dans une perspective folkloriste en opposition à l’apprentissage de la langue bretonne, mais bien dans une nécessaire complémentarité.