Le rapport 2015 des services de l’Etat en région n’est pas forcément le document où se lit le plus précisément la réalité de la situation de l’action de l’Etat en Bretagne.

Plus que discret sur les questions éducatives « qui fâchent » (carte de l’éducation prioritaire, rythmes scolaires, #collège2016, et fermetures d’établissements en cascade !), ce rapport n’en dit pas non plus beaucoup sur les effets de la politique de « revue des missions de l’Etat ».

Quant à l’analyse de la succession des délégations et conventions régionales, elle reste à faire…

En ce qui concerne la politique éducative, le rapport 2015 se place toujours sous l’égide d’une Refondation qui est bien vite arrivée à bout de souffle et qui semble aujourd’hui très loin.

La relance du recrutement n’a pas ramené les jeunes diplômés vers les métiers de l’éducation, faute de s’être accompagnée de pré-recrutements et d’une véritable rénovation de la formation et des carrières. Absorbés en grande partie par les départs à la retraite et la démographie montante, en particulier dans le second degré, ces emplois supplémentaires ne permettront pas les améliorations attendues dans les classes. A ce propos, le CESER a relevé à juste titre que dans notre académie les taux d’encadrements ont été loin de s’améliorer en 2015, et même qu’ils devraient encore se dégrader en lycées à la rentrée 2016.

Pensée sans prendre la mesure des besoins d’un système éducatif terriblement malmené depuis plus d’une décennie, et sans volonté d’engager la reconstruction de la carte scolaire, la relance de l’éducation prioritaire, évoquée comme une avancée par ce rapport, s’est en fait bornée à « rebattre les cartes » à périmètre constant – en oubliant au passage des réseaux prioritaires d’écoles en Bretagne. Cette redistribution, faite sur la base de critères opaques, a engendré incompréhension et frustrations dans les établissements non-retenus laissés face à leurs difficultés quotidiennes. Le collège Kerhallet à Brest, actuellement toujours en lutte pour intégrer la carte des REP, en donne un bon exemple.

Le CESER a également souligné les annonces de fermetures de collèges publics qui se sont succédées dans l’académie de Rennes depuis 2015. A Commana dans les Monts d’Arrée – petit collège rural de proximité – Kérichen à Brest, et Montaigne à Vannes – collèges de quartiers populaires urbains – est venu s’ajouter depuis, le collège Surcouf à St Malo, un collège également situé dans un quartier populaire. Chaque fois, Directions départementales de l’Education nationale et Conseils départementaux ont donné les mêmes arguments : faiblesse des effectifs, absence de mixité sociale, absence d’ambition scolaire des équipes (sic !).

Taisant les motivations financières et politiques, ces prétendus diagnostics n’ont fait aucun cas de l’engagement des équipes éducatives et de leurs initiatives pour la réussite des élèves ; ni d’ailleurs de l’attachement marqué par ces derniers et leurs familles envers leurs collèges. De telles décisions de la part de l’Education nationale comme des responsables politiques sont un aveu d’échec qui donne à réfléchir ; car qui d’autre qu’eux disposait des outils de décision permettant le développement et la réussite de ces établissements ?

Concernant le premier degré, le rapport passe aussi très discrètement sur deux années de mise en œuvre, pourtant très contrastées, des nouveaux rythmes scolaires. Le Ministère lui-même se montre désormais moins affirmatif quant aux fulgurants progrès supposés des élèves de CP depuis la publication récente d’un rapport de l’Inspection générale faisant état d’observations plus que nuancées sur les effets de cette réforme.

Sans volonté de mobiliser les moyens nécessaires, et se refusant à prendre appui sur l’expertise de la profession, cette réforme a choisi comme principal « levier du changement » le renvoi au local, au risque de renforcer les inégalités. La réforme des rythmes aura marqué clairement la fin de la Refondation. La réforme du collège, engagée également en 2015, et dont singulièrement ce rapport ne parle pas, a poussé cette logique au pire. En effet, depuis le début et jusqu’à la préparation de la rentrée actuellement, la logique descendante, l’incapacité à entendre la profession, et l’entêtement ont été constamment la règle.

Majoritairement opposés à ce projet, et fortement mobilisés, les enseignants se sont vu opposer un « 49-3 » avant la lettre, quand, au lendemain de la grève massive du 19 mai 2015, la Ministre, encouragée par le Premier Ministre, a publié sans plus attendre la réforme au journal officiel. Mais sur ce dossier, comme sur d’autres, la confrontation, n’est pas terminée pour autant.

En 2015, l’action de l’Etat en Bretagne a été marquée par plusieurs délégations de compétences, directes ou par voie de convention, dans un contexte de réorganisation territoriale de l’action publique. Dès le mois d’octobre à l’occasion du projet de délégation de compétence en matière de politique culturelle dans les secteurs du Livre, du Cinéma et du patrimoine immatériel, la FSU a posé la question des personnels, de la pérennité de leurs missions et des moyens, et elle a alerté le CESER sur le respect des instances de concertation.

L’année 2015 a également vu la signature de plusieurs conventions entre la région, le Préfet de région, le Recteur, la direction de Pôle Emploi, pour la coordination du Service public régional de l’Orientation (SPRO), l’engagement du réseau des CIO, ou encore pour la prise en charge des jeunes décrocheurs. Au printemps 2016, ont été signées les premières conventions de mobilisation pour l’emploi et le Protocole d’accord entre l’État, la région Bretagne et les partenaires sociaux pour la déclinaison, à l’échelle du territoire breton, du plan 500 000 formations supplémentaires à destination des demandeurs d’emploi.

Là encore il est important que l’information et la concertation aient lieu pour les personnels concernés par ces conventions – ce qui n’a pourtant pas été le cas pour la signature, en décembre dernier, de la convention définissant le niveau d’engagement du réseau des CIO dans le SPRO. Si la FSU y est particulièrement attentive, c’est qu’elle tient à ce que dans le cadre de ces différentes conventions, les personnels agents de l’Etat ne soient pas placés sous une autre autorité, et qu’ils n’exercent pas d’autres missions que celles définies au plan national.

Face à ce qui semble être un mouvement de fond, auquel s’ajoutera vraisemblablement l’expérimentation voulue par la région en matière de politique de l’emploi, la FSU continue à défendre la nécessité du cadre national pour définir les politiques d’éducation et d’orientation, de formation, ainsi que la politique de l’emploi.

Pour la FSU c’est une nécessité afin d’assurer l’égalité de traitement de tous les citoyens, mais aussi pour que ces politiques, et les personnels qui les mettent en œuvre, ne soient pas subordonnés aux seuls intérêts locaux.

Tant pis si ce n’est pas un scoop, mais la FSU ne manquera pas de le redire dans les échanges à venir sur la construction du prochain CPRDFOP.