INTERVENTION de M. Jean-Luc LE GUELLEC faite au nom de la FSU Bretagne
Le grand emprunt s’inscrit dans une logique que la FSU ne cesse de combattre, on peut la
résumer ainsi : la globalisation comme contrainte, la concurrence comme modèle, les marchés
financiers comme arbitre et la compétitivité des grandes entreprises comme objectif.
La conception de l’enseignement supérieur et de la recherche que défend la FSU est aux
antipodes de cette logique.
Nous sommes bien loin du seul débat sur les rapports entre entreprises et universités, il s’agit
derrière le grand emprunt d’imposer un mode de gouvernance des universités calqué sur celui
des États-Unis.
La course au gigantisme, au nom de l’excellence, est sans fin. Face à la loi LRU qui organise
la concurrence entre les universités, nous avions pensé que le PRES Université Européenne
de Bretagne pouvait être une réponse coopérative dans notre région. Aujourd’hui, la
problématique du grand emprunt rend déjà caduque ce PRES.
L’alliance proposée avec les Pays de la Loire sera à son tour dépassé dès qu’un nouveau projet
de financement, peut être européen, mettra de nouveau en concurrence des entités de plus en
plus grandes.
La logique guerrière qui accompagne la stratégie de Lisbonne et qu’on retrouve dans la
formulation « gouvernance offensive » traduit bien la fuite en avant libérale dans laquelle la
FSU ne peut se reconnaître.
La proposition d’une « structure commune » rassemblant les « fleurons des efférents
établissements d’enseignement supérieur et de recherche » nous interroge. Il s’agit là, en effet,
d’une refonte radicale du paysage de l’enseignement supérieur dans notre région.
Que deviendront les « pas fleurons » : Formation en sciences humaines et sociales, le DAEU,
etc., à qui il ne restera que les yeux pour pleurer.
Ce voeu s’il était adopté, constituerait un engagement du CESR sur l’avenir de l’enseignement
supérieur de la Recherche en Bretagne dont nous ne sommes pas sûrs que chacun en ait bien
mesuré les implications.
La FSU ne veut pas faire son deuil des missions de service public que l’enseignement
supérieur et la recherche devrait remplir dans notre région. Elle ne peut, donc, en l’état, voter ce voeu.
DECLARATION COMMUNE DES CONSEILS ECONOMIQUES ET SOCIAUX
REGIONAUX DE BRETAGNE ET DES PAYS DE LOIRE
(Présentée sur proposition du Bureau comme un voeu à caractère d’urgence)
Pour un Campus d’excellence « Bretagne-Pays de la Loire »
Une part importante du « Grand emprunt » est réservée à l’enseignement supérieur, la recherche et
l’innovation. Dans ce cadre, le dispositif « Campus d’excellence » est doté de 7,7 Mds€ qui sont
attribués à quelques campus sélectionnés au plan national.
L’enjeu est fondamental puisque la recherche et l’innovation nourrissent, de façon vitale, le socle sur
lequel s’appuient la compétitivité, le développement des entreprises et l’emploi.
La visibilité internationale de l’enseignement supérieur et de la recherche est la condition impérative
pour attirer les chercheurs de haut niveau et les étudiants, y compris étrangers, et irriguer l’économie
régionale à travers les liens formation/recherche/innovation/entreprise.
Une mobilisation commune des forces des régions Bretagne et Pays de la Loire permet d’obtenir la
masse critique exigée aujourd’hui pour avoir cette visibilité internationale. Elle est fondée à la fois sur
la complémentarité des caractéristiques de ces régions et sur une authentique histoire commune et
naturelle de coopération académique, universitaire et économique. C’est ainsi que les pôles de
compétitivité ont déjà permis de tisser des liens forts entre les axes industriels majeurs des deux
régions et certaines thématiques de recherche du plus haut niveau.
Les Conseils économiques et sociaux des deux Régions entendent exprimer d’une seule et même voix
toute l’importance qu’ils attachent à cette reconnaissance nationale, capitale à leurs yeux pour le
développement de leurs territoires et pour lesquels une candidature unique est pertinente et s’impose
pour l’obtention du label « Campus d’excellence ».
Pour être pleinement opérationnelle, cette démarche commune doit s’appuyer dès à présent sur un
pilotage ferme et partagé du projet.
Concrètement, il est indispensable que les fleurons des différents établissements d’enseignement
supérieur et de recherche des deux régions soient réunis dans une structure commune dotée d’une
gouvernance offensive, indépendante et transparente, intégrant des experts scientifiques internationaux
et les acteurs concernés par la recherche fondamentale et appliquée, et sa valorisation.
Cette forte symbiose est déterminante ; elle doit être présente dès la conception du projet, notamment
sous la forme d’une assistance à maîtrise d’ouvrage unique et coordonnée avec l’ensemble du dispositif
du Grand Emprunt.
Les Conseils économiques et sociaux de Bretagne et des Pays de la Loire considèrent que l’Etat, en
attribuant le label « Campus d’excellence » au projet présenté par l’ensemble des forces de
l’enseignement supérieur et de la recherche des deux régions, consacrera une très grande région de la
recherche française en Europe, au service de la compétitivité des territoires, et par conséquent de sa
politique en faveur du développement économique, social et environnemental en France.
Document « Avis » n° 2010-2 du Conseil économique et social de Bretagne – Session du 29 mars 2010