Le CESER a examiné le bilan d’activité régional pour l’année 2015. La FSU est intervenue pour rappeler l’importance de la voie professionnelle pour le développement des compétences et de l’emploi dans notre région par la qualification des travailleurs.
Mais force est de constater que les lycées professionnels publics sont loin de jouir de l’attention – et des moyens – que le Conseil régional accorde à l’apprentissage.
La formation professionnelle initiale sous statut scolaire public, telle qu’il est convenu de l’appeler ou, plus simplement, les lycées professionnels (LP) du public, semblent être toujours les grands absents de la politique régionale. Dans les différents programmes des Missions III et IV consacrées à l’éducation et à la formation professionnelle, le rôle des LP publics ne s’y lit guère qu’en creux, dans les quelques espaces laissés par la politique régionale de soutien à l’apprentissage – politique pour laquelle la région a annoncé avoir consacré 100M€ en 2015.
Depuis la loi d’orientation et de programmation pour l’école de juillet 2013, la région a pourtant une responsabilité nouvelle dans l’élaboration de la carte des formations professionnelles initiales, en lien avec la construction de l’offre de formation régionale. Or, dans la carte des formations 2015, première carte arrêtée par la région, au regard des 13 ouvertures de sections et 4 augmentations de capacité d’accueil en faveur de l’apprentissage, c’est à peine si on trouve 5 ouvertures pour les LP publics ; la carte 2016, quant à elle, n’a proposé qu’une seule ouverture nouvelle au niveau Bac Pro pour le public.
Dans la déclaration commune rectorat-région du 27 mai dernier, lorsqu’il est fait mention des LP publics, c’est pour les placer sous un titre consacrant « le développement de l’apprentissage dans les établissements », et pour promouvoir la mixité des publics et des parcours. Comme si le seul avenir pour les LP passait par le rapprochement avec l’apprentissage, ce qui revient peu ou prou à remettre en question la qualité de la formation produite par les LP.
Pourtant la part des LP publics en Bretagne est loin d’être marginale : ils regroupent près de 18 000 élèves tous niveaux confondus pour les établissements de l’Education nationale – auxquels il faut ajouter quelques centaines d’élèves pour les filières professionnelles des lycées maritimes et agricoles publics. C’est plus que le nombre total d’apprentis actuellement formés en Bretagne. Chaque année, un peu plus de 4000 bacheliers professionnels bretons sont issus des LP publics, une part croissante d’entre eux poursuivant leurs études dans les sections de techniciens supérieurs (STS), mais une grande partie d’entre eux s’insèrent également dans l’emploi ; leur insertion professionnelle au-delà de trois ans étant d’ailleurs tout à fait comparable à celle des apprentis.
Les LP publics implantés dans nos territoires cultivent des liens étroits avec l’environnement professionnel ; les élèves effectuent d’importantes périodes de stage en entreprises (PFMP), d’une durée allant de 16 à 22 semaines. Les LP sont fortement impliqués dans les politiques de lutte contre toutes les formes de discriminations et de déterminismes – priorités auxquelles la région Bretagne est très attachée.
Le développement de formations professionnelles diversifiées de proximité dans les territoires joue également un rôle déterminant dans une orientation réussie pour les jeunes et du même coup contre le décrochage scolaire.
A un moment où l’enseignement professionnel public subit des attaques de toutes parts, et alors que la politique de soutien à l’apprentissage est une nouvelle fois relancée au plan national et en régions à l’occasion du « Plan 500 0000 », les rapports 2015 du CNEFOP et de la DEPP sont venus fort utilement rappeler que la dépense publique en 2012-2013 représente 18 700€ pour un apprenti, contre 12 210€ seulement pour un élève de LP.
Voie de réussite et d’intégration sociale ouverte à tous les jeunes, notamment ceux issus des milieux populaires, l’enseignement professionnel public devrait faire l’objet d’un engagement de l’Education nationale à la hauteur des enjeux qu’il représente.
Pour notre région il représente un investissement d’avenir essentiel pour le développement des compétences et de l’emploi par la qualification des travailleurs. Il devrait donc occuper dans la politique régionale une place au moins égale à celle accordée aujourd’hui à l’apprentissage.