Compte-rendu de l’audience FSU jeudi 18/12 à Brest avec le conseiller de M. Valls

La FSU Bretagne a été reçue à la sous-Préfecture de Brest à 12h30 pour une audience d’une demi-heure par Charles-Antoine Goffin, conseiller délégué auprès du Premier ministre. L’entrevue a pris appui tout d’abord sur l’Atlas régional sur les dynamiques démographiques et l’évolution des effectifs scolaires en Bretagne qui a été remis à destination du Premier ministre, et a pointé le dynamisme démographique global de la Bretagne avec ses importantes disparités à l’échelon infra-régional.

La FSU a démontré que sa réflexion sur les problématiques éducatives s’inscrivait dans le moyen et long terme dépassant le seul cadre annuel du budget EN et le sempiternel discours sur la « contrainte ». En référence aux études récentes de Davezies-Pech sur les Nouvelles questions territoriales et de Ch Guilluy, La France périphérique, la FSU a posé la question du niveau d’engagement de l’Etat pour répondre aux transformations profondes vécues par les territoires bretons : dans un contexte d’éloignement croissant des populations les moins favorisées à la périphérie des grands centres, l’action politique va-t-elle se borner au constat et laisser les services publics se retirer progressivement devant les citoyens – l’Etat se pensant uniquement comme « stratège » au service de la compétitivité des territoires les mieux insérés dans la compétition économique internationale ? Ou bien, au contraire, l’Etat acceptera-t-il de se penser encore comme une puissance publique capable d’aménager le territoire dans sa globalité en vue de permettre à tous les citoyens un égal niveau d’accès aux biens communs ? Ce qui devrait conduire alors à penser les questions scolaires comme devant faire l’objet elles aussi d’une politique d’aménagement du territoire.

Au regard de la cohérence affichée au niveau du discours gouvernemental entre, d’une part, la refondation de l’Ecole qui se veut un engagement de toute la nation pour élever le niveau de tous ses enfants, et d’autre part le Pacte d’avenir pour la Bretagne qui se veut une refondation du pacte républicain face aux effets dissolvants de la crise économique, la traduction en termes d’actions apparaît comme une contradiction flagrante : c’est le cas du « contrat d’objectif » entre le rectorat et le MEN qui vise la remise en question des écoles rurales, ou encore de la volonté du MEN de « réorganisation » de la carte des CIO. Dans ces deux dossiers, ceux qui en font les frais, ce sont les enfants des familles les moins favorisées, les moins mobiles également, que ce soit spatialement ou encore dans leurs parcours de formation !

Un rapide « focus » a été fait sur le dossier du financement des CIO faisant apparaître la situation singulière de notre académie et les points de blocage qui demeurent : une politique d’investissement éducatif doit dépasser l’approche purement comptable sur les « moyens » et se montrer à la hauteur des besoins des jeunes et des familles là où ils sont ; ce serait là un signe immédiatement visible qui pourrait de redonner aux citoyens un peu de confiance dans l’action de l’Etat.

Le dernier point abordé a porté sur la présence de l’Ecole de la République dans ses territoires et sur la position singulière du réseau privé en Bretagne : plus de 20% des communes sans établissement public et avec un établissement privé en Morbihan et en Ille-et-Vilaine,… contre 1% seulement au national ! Les premiers résultats des travaux actuels menés par le laboratoire ESO-Rennes pour la FSU Bretagne démontrent le renforcement du réseau privé sur la dernière décennie (2002-2012), notamment dans le secteur du nord Finistère, secteur où le réseau public est actuellement mis en difficulté.

La FSU a alors rappelé qu’il y a un lien à faire entre la couverture de zones entières par le réseau privé et « l’accrochage local » des populations au dans ces zones (exemple de Vitré) – a contrario de la mobilité à la fois spatiale et sociale qui a été historiquement portée par l’Ecole publique en Bretagne. Tout en reconnaissant la responsabilité des élus locaux en termes de réponse à l’obligation scolaire, il appartient, là encore, à l’Etat d’imprimer une volonté et de dépasser le conservatisme du constat.

Sur ce point comme sur les précédents notre interlocuteur s’est montré très attentif et intéressé. Il s’est engagé à transmettre l’ensemble de ces éléments à la toute nouvelle conseillère spéciale du Premier ministre en charge du dossier éducatif, ainsi que l’Atlas de la FSU Bretagne.