Intervention de Jean Luc LE GUELLEC – FSU –
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L’introduction aux orientations budgétaires décrit bien les conséquences pour la région du double effet du Pacte de responsabilité et de solidarité et de la réforme territoriale avec un phénomène de ciseaux entre la forte réduction des recettes et une potentielle augmentation des charges liées à de futurs transferts avec le risque d’ un effet récessif précise-t-on. Le drame, c’est que l’effet récessif est déjà là du fait des politiques d’austérité engagées : la France comme la zone euro sont au bord de la déflation. La révision à la baisse des prévisions de croissance ne peut surprendre que les dogmatiques de la réduction rapide des déficits publics, la FSU indiquait déjà il y a un an qu’une telle politique n’est ni efficace au regard de ses propres objectifs ni de nature à nous sortir du chaos économique et social qui s’étendait déjà sous nos yeux.
Comme de très nombreux économistes (hormis ceux de la pensée unique) la FSU désapprouve totalement cette politique de l’offre dont le Pacte de responsabilité et la réforme territoriale sont la traduction, l’objectif réel non avoué est de réduire drastiquement le champ couvert par les services publics pour ouvrir en grand la voie à des privatisations. Cette stratégie du choc néolibéral est présentée dans les perspectives publiques des finances régionales comme une fatalité à laquelle on doit s’adapter, ce n’est évidemment pas l’avis de la FSU.
Au-delà de ces appréciations générales, la FSU considère qu’une des premières responsabilités du conseil régional, au regard de ses compétences et de la priorité accordée en principe à la jeunesse, est de réaliser les investissements nécessaires pour répondre en terme de capacités d’accueil des lycées à la croissance de la démographie scolaire : la décision ferme de construction de nouveaux lycées n’a que trop tardé. La FSU se retrouve totalement dans l’argumentaire développé par l’avis du CESER. Au sujet de la situation tendue à Ploërmel, la FSU exprime sa stupéfaction et sa désapprobation face au rassemblement, le 9 octobre dernier, de quelques militants de l’enseignement privé confessionnel contre la construction du nouveau lycée : veut – on ranimer la guerre scolaire ?
La FSU partage et relaie les inquiétudes émanant des établissements du fait du report ou de l’annulation de certains projets de travaux et/ou de restructurations au nom des nouvelles contraintes budgétaires. Inquiétude, aussi, quant à l’avenir de l’objectif initialement affiché de gratuité des manuels scolaires et donc au projet devant se substituer à l’actuel dispositif des « chèques livres ». La FSU approuve totalement l’avis proposé par le CESER sur cette question.
La réforme de la taxe d’apprentissage en réduisant de moitié la part du « hors quota » destinés aux établissements de formation affecte lourdement les établissements d’enseignement professionnel et technologique au bénéfice des CFA alors qu’initialement cette taxe était aussi destinée au financement des formations sous statut scolaire. La priorité, une nouvelle fois, est donnée au développement quantitatif de l’apprentissage avec un effort promotionnel très coûteux en direction des plus jeunes alors que ce sont eux les plus concernés par les ruptures de contrats. La dernière publication du Gref portant sur les indicateurs de ruptures de contrats à échéance 2012 montre une augmentation de ces ruptures et, particulièrement, chez les plus jeunes issues de la voie scolaire et chez les femmes avec des taux très élevés supérieurs à 30%. Les études se suivent, chacune confirme la précédente et malgré les discours sur la qualité, la situation se détériore. Puisque ça ne marche pas, le gouvernement envisage d’inciter, par une nouvelle dérèglementation, les plus jeunes à quitter la voie scolaire, la Région suit.
Concernant le service public régional d’orientation (SPRO), la Région annonce des avancées en matière de connaissances des attentes des publics et de l’amélioration de l’offre de services ceci en référence aux enquêtes menées avec les régions Centre et Pays de la Loire. La volonté affichée est de passer à la phase concrétisation du SPRO. La FSU exprime des réserves liées aux risques de confusion des missions des différentes structures comme des publics. Notre inquiétude est confirmée par l’enquête menée auprès des CESER puisqu’on apprend que telle ou telle région coordonne tous les acteurs du SPRO, CIO compris, alors que la loi a clairement distingué les compétences respectives de l’Etat et des régions. Il est proposé d’intégrer la problématique du Conseil en Evolution professionnel (CEP) dans le SPRO. La FSU tient à rappeler que les CIO ne font pas partie des opérateurs pour le CEP.
Concernant les langues régionales, le document souligne le ralentissement de la dynamique d’ouverture de sites bilingues à la rentrée 2014. La FSU a eu déjà l’occasion d’indiquer que la création de nouveaux sites ne doit pas occulter l’attention à la consolidation de l’existant. La sensibilisation aux langues régionales pour un nombre très important de jeunes passe également par l’enseignement optionnel dispensé au collège et au lycée, ce qui n’est pas encore suffisamment pris en compte. La FSU s’inquiète du ralentissement constaté dans la progression des effectifs du public (+3,4%), alors que celui-ci avait affiché la progression la plus soutenue durant 5 ans (près de 6% par an). Le manque de perspectives offertes aux langues régionales dans le second degré public et le manque de volontarisme en matière de recrutement d’enseignants en sont principalement la cause ; à quoi s’ajoute le problème de l’accueil en maternelle. Si la balle est largement dans le camp de l’Education nationale, pour la FSU, le soutien de la Région à nos langues doit passer prioritairement par le soutien à l’enseignement public.
L’enseignement supérieur et la recherche sont confrontés au processus de création Comue (communauté universitaire d’établissements) Bretagne Loire mais, pour la FSU, la réflexion concerne insuffisamment l’ensemble de la communauté universitaire et le système de gouvernance proposé semble une « usine à gaz ». Les enjeux scientifiques et pédagogiques d’un tel regroupement ne sont pas vraiment posés à part un : se regrouper pour « être crédible » dans le cadre de l’appel à projets PIA2, pour l’instant dans les réponses c’est le flou qui domine. Concernant la fusion des universités rennaises, le rapprochement semble plus difficile qu’il n’y paraît et la place des différents secteurs (regroupements de disciplines) n’est pas abordé car sujet à polémiques. Sur la situation budgétaire, la FSU approuve l’alerte des sept présidents d’universités des régions Bretagne et pays de Loire face à la réduction drastique des sommes allouées aux futurs CPER. Les budgets des établissements, hors CPER, sont aussi très tendus.
Dans un tel contexte, la FSU aimerait connaître l’analyse du conseil régional au regard de son schéma régional d’enseignement supérieur et de recherche.