Le CESER a adopté lors de sa session plénière un avis nuancé sur la situation du LP de Plouhinec. S’il a posé la question des coûts et des effectifs actuels, le CESER a toutefois aussi interrogé les présupposés de la décision que le Conseil régional s’apprête à prendre à sa prochaine session.

La FSU pour sa part est intervenue pour insister sur l’engagement politique que la Région doit prendre pour ses territoires, ceci au-delà des considérations techniques ou budgétaires.

Dans son avis le CESER quant à lui , « s’interroge sur l’opportunité de la décision de fermeture dès la rentrée 2018.  »

Vous lirez ci-dessous l’intervention de la FSU ce lundi à la séance plénière du CESER.


Intervention de Jean-Marc CLERY – FSU

L’année dernière à la même date, la FSU avait exposé au CESER quelques unes de ses conclusions tirées de l’étude qu’elle avait commandée sur les Evolutions de la population scolaire en Bretagne. L’une de ces conclusions était que quel que soit le niveau considéré – école, collège ou lycée – le dynamisme du service public d’Éducation dépend directement de la façon dont les collectivités agissent sur le maillage territorial des établissements. A cette conclusion la FSU ajoutait cette mise en garde aux décideurs : s’adapter à la poussée de la démographie scolaire dans les zones les plus dynamiques n’est qu’une partie de la réponse à apporter, car il faut également veiller à assurer une offre de formation diversifiée et de proximité sur tout le territoire, en particulier dans les zones les plus fragiles.

Cette mise en garde prenait tout son sens alors que trois Conseils départementaux sur quatre choisissaient de fermer des collèges publics – l’Ille-et-Vilaine étant le seul des trois à annoncer simultanément un programme de construction de nouveaux collèges.

Aujourd’hui la Région leur emboîte le pas avec, peu ou prou, les mêmes arguments – faiblesse des effectifs, manque de perspectives voire d’ambition pour les formations – et avec à peu près la même précipitation et la même absence de concertation avec les personnels et les familles qui sont pourtant les principaux intéressés par la fermeture du lycée de Plouhinec. On scelle le sort d’un lycée public en quelques mois alors qu’il faut parfois deux ou trois décennies pour répondre à l’attente des citoyens d’un collège public, comme ce fut le cas à Plabennec, ou d’un lycée public, comme ça l’est encore à Ploërmel.

En se fondant essentiellement sur le solde naturel, la Région conclut à la baisse inéluctable de la population scolaire dans le secteur du Cap Sizun faisant comme si la tendance au déclin ne pouvait que se maintenir sur le long terme. Elle parie donc sur le pire en quelque sorte pour ce territoire, cela sans envisager d’autres facteurs d’évolution possibles. Mais que sait-on des migrations internes et externes à la Bretagne pour la ou les décennies à venir ?

La FSU regrette la conclusion trop timide de l’avis du CESER, mais elle le votera cependant car parmi ses nombreuses questions, le CESER interroge avec pertinence certains des présupposés de cette décision. La Région répond à certaines questions il est vrai ; et même si la FSU est en désaccord, elle ne nie pas qu’il y a la volonté de porter une attention aux jeunes et aux personnels qui seront sous le coup de cette décision.

Par contre la question de savoir si d’autres établissements sont dans le viseur ne trouve pas de réponse. Il y a de quoi s’inquiéter, car lorsqu’on commence à fermer les établissements les plus petits, ceux qui sont un petit peu moins petits deviennent, à leur tour, les plus petits.

Mais à toutes ces questions il faudrait encore ajouter cette autre : quels effets sociaux et politiques pour un territoire que les services publics désertent un à un un ?
Après le choc de l’annonce, les personnels du lycée ont décidé de s’exprimer publiquement. Et ce samedi, avec près de 2 000 personnes, ils ont manifesté dans les rues de Plouhinec, soutenus par toute la population du Cap très attachée à ce petit Lycée des Métiers tourné vers la mer – Lycée Jean Moulin le bien nommé, puisque né de la volonté conjointe de deux anciens résistants, un entrepreneur local et un instituteur, militant de l’école publique, Albert Trividic. Ils ont dénoncé l’absence d’anticipation de la part des autorités responsables ainsi que les occasions manquées de conforter cet établissement ; mais ils ont également fait des propositions pour le faire vivre.

Ces propositions méritent selon nous d’être reconsidérées avec attention. Nous y engageons vivement le Président du Conseil régional. Car loin de toute considération technique ou budgétaire, en fin de compte, ce qu’il restera de la décision prise, quelle qu’elle soit, ce sera le message politique adressé par la Région à ses territoires.

Lire également le Communiqué de la FSU suite à la mobilisation de Samedi : 2 000 personnes dans les rues de Plouhinec pour soutenir leur lycée.