Alors que la démographie lycéenne poursuit sa forte croissance et que les lycées de Bretagne appellent de plus en plus à d’importants travaux en raison de leur dégradation, la Région dit vouloir s’engager dans une nouvelle programmation d’ampleur pour faire face à l’ensemble des besoins. Au mois de février la Région devrait faire connaître sa liste des établissements retenus pour une intervention globale.

Mais avec un Budget sensiblement le même on à peine à croire que cette bonne volonté manifestée sera vraiment perceptible à court terme dans les établissements. La FSU appelle les personnels à faire connaître leur besoins sans plus tarder.

Intervention de Jean-Marc CLERY – FSU

La FSU se retrouve plutôt bien dans l’avis du CESER et dans son appréciation du nouveau Schéma directeur des lycées. Les problématiques ne sont certes pas nouvelles, mais la volonté de les appréhender désormais plus globalement pour plus d’efficacité est la bienvenue.

Toutefois – et le CESER a raison de le souligner – malgré toute « l’agilité » technique et budgétaire dont elle dit vouloir faire preuve, on ne voit pas trop comment la Région pourra atteindre l’ensemble des objectifs fixés avec une enveloppe globalement inchangée et qui a montré son insuffisance ces dernières années. Faute de sortir de ce cadre contraint on ne prendra pas la pleine mesure des besoins.

Une vingtaine de lycées relèveraient de l’Axe 1 du Schema, autrement dit nécessiteraient un plan d’intervention global en raison d’une multiplicité de problèmes. 20 sur 116, soit plus de 15 %, des lycées publics, cela correspond assez bien à l’impression que nous en avons à partir des constats de terrain. En tous les cas, les équipes de ces établissements dégradés s’impatientent de plus en plus et il va falloir sans tarder les informer pour leur donner enfin un plan de marche ferme et un terme raisonnable aux projets d’interventions. Mais il va falloir sans doute s’expliquer aussi, et là encore assez rapidement, auprès de tous les autres établissements « moins prioritaires ». L’expérience de l’an passé au sujet des aides aux manuels scolaire enseigne que, faute d’une explication très tôt sur la démarche et sur les intentions, on s’expose à de vives réactions.

Ces quatre dernières années ce sont plus de 5 000 jeunes supplémentaires qui sont arrivés dans les lycées publics bretons. A quelques variations près, cette tendance ne se démentira pas dans les prochaines années et une nouvelle forte poussée en collèges et lycées est attendue pour 2020. Dans le secteur rennais qui est particulièrement exposé, on voit bien que les mesures de sectorisation et les adaptations du cadre bâti, seules, ne peuvent pas suffire.

La FSU avait salué la décision de construire un nouveau lycée à Liffré. Elle salue aujourd’hui l’annonce, enfin claire, d’un deuxième lycée à construire sur le secteur sud-est de Rennes. Mais on n’a déjà que trop tergiversé, et repousser à 2025 ce second lycée ne nous paraît pas à la mesure de l’urgence. Pendant ce temps, les conditions d’étude se dégradent pour les lycéens, le service public d’éducation n’arrive pas à répondre aux demandes des familles, et il est gêné pour faire évoluer ses formations.

Quant à la date annoncée pour l’ouverture du lycée de Ploërmel, 2022, on a franchement du mal à comprendre. Alors que ce dossier a été lancé en même temps que celui du lycée de Liffré et que, sur le terrain il n’y a apparemment plus aucun obstacle, pourquoi une ouverture en 2019 ou 2020 pour l’un et seulement 2022 pour l’autre ?

L’étude de la FSU sur la Démographie scolaire en Bretagne a mis en évidence la singulière progression au cours de la dernière décennie de l’enseignement privé catholique du Second degré dans le Morbihan. Les politiques menées dans ce département par l’État comme par les collectivités territoriales en portent amplement la responsabilité.

Ces derniers jours, le secteur de Pluneret nous a justement donné un nouvel exemple d’arbitrage pris par les collectivités territoriales et la direction académique conduisant de fait à mettre en difficulté l’école publique dans un des rares secteurs où jusqu’ici elle a pourtant bien résisté face à l’enseignement catholique. Au lieu d’accompagner la croissance régulière des effectifs du collège public de Pluneret, collège très attractif, les décideurs font le choix de le vider brutalement de près de 200 élèves qui devront être scolarisés plus loin, quitte à accroître leur temps de transport et leur journée scolaire. A terme, le lycée d’Auray devrait également y perdre une centaine d’élèves, en faveur, théoriquement, du lycée public Lesage à Vannes. Mais comme ce dernier est malheureusement très limité dans ses capacités d’accueil depuis des années du fait de la très forte dégradation de plusieurs bâtiments qui n’ont toujours pas été remis en état, on peut s’attendre à des fuites d’effectifs importantes en faveur du privé.

On comprend bien, au travers de ce simple exemple, que les enjeux de la démographie scolaire ne concernent pas seulement un département ou une métropole. Mais surtout on voit bien que la stratégie immobilière n’est jamais une simple « question technique ».

La gestion du patrimoine des lycées publics confère à la Région de forts leviers d’intervention dans les territoires, en matière d’évolution des formations, d’élévation des qualifications, et d’égalité territoriale. Mais cela lui donne aussi une responsabilité particulière vis-à-vis du service public d’éducation.