Intervention de Jean Luc LE GUELLEC – FSU –

Ce bordereau indique comment le conseil régional de Bretagne compte mettre en œuvre ces nouvelles compétences liées à la loi du 8 juillet 2013 en matière d’élaboration de la carte des formations professionnelles. L’avis du CESER considère comme un point fort le fait de traiter indistinctement l’ensemble des réseaux de formation or, c’est justement, ce qui préoccupe la FSU. En acceptant l’idée que les pouvoirs publics ne donnent plus la priorité aux services publics de formation, on cautionne implicitement les désengagements financiers de l’Etat dans ses missions relevant de la formation professionnelle.

Tenir compte de l’économie régionale et de ses besoins actuels et futurs en emplois va de soi mais donner la priorité absolue aux besoins de 11 filières socles pour définir les politiques de formations professionnelles relèvent d’un très fort « aqéquationisme » d’autant qu’est souvent précisée dans les documents de la Région la nécessité d’adosser les formations aux besoins des territoires. Cette approche qui consiste à déterminer les formations et à forcer les orientations vers des certains métiers dits « en tension » est contre-productive car nous savons que les décrochages viennent souvent des choix contraints et donc non voulus par les jeunes. Par ailleurs, une étude de l’IREDU publiée en 2012 a montré que si les jeunes de l’enseignement secondaire professionnel et technologique sont peu mobiles durant leurs études, ils le sont un peu plus durant leur début de vie professionnelle : 45% des employés qualifiés et 38% des ouvriers qualifiés changent de zone d’emploi dans les trois premières années de vie active. Il nous semble utile de citer une des conclusions de cette étude : « Les liens entre spécialisation économique d’un territoire, l’offre locale de formation qui est censée assigner les jeunes à telle ou telle orientation et les trajectoires scolaires, géographiques et professionnelles effectives sont particulièrement complexes et ne peuvent pas s’appuyer sur des simples projections à court terme ». Vouloir ériger des frontières territoriales aux parcours formation – emploi est, par ailleurs, antinomique avec l’injonction souvent réitérée de favoriser la mobilité géographique. Est-ce si grave si jeune formé en Bretagne trouve un emploi à l’extérieur de la région ou, à l’inverse, qu’un employeur breton recrute un jeune formé à l’extérieur ?

En lisant ce rapport nous mesurons le rôle croissant que vont jouer les branches professionnelles dans la détermination de la carte des formations et nous percevons, aussi, comment d’autres acteurs vont voir leur rôle minoré. Ainsi, les commissions académiques des formations post-bac vont voir leur rôle renforcé. Elles regrouperont en leur sein des représentants des autorités académiques, des autres organismes de formation, des branches professionnelles, des usagers et des parents d’élèves. Seuls, parmi les « partenaires », les représentants des personnels sont absents.

L’avis du CESER soutient l’idée de création de « campus territoriaux de proximité ». Le campus « Esprit – industries » proposé, pour avis, dans cette session, nous donne aperçu de la démarche : ce n’est pas pour rassurer la FSU.