La crise financière a mis au premier plan les questions d’endettement, si le projet de budget expose le niveau d’endettement, il ne présente pas la nature des emprunts or les prêts à taux variables ont affecté plusieurs collectivités locales. Qu’en est-il de la Région Bretagne ?

Ce projet de budget a été élaboré sans, bien entendu, que soit connu le plan de relance du gouvernement Ce plan annoncé par le président de la République à grand renfort de superlatifs, additionne en fait la réaffirmation de décisions déjà prises, des anticipations de paiements, des accélérations d’investissements et des mesures nouvelles. Il concerne au premier chef les collectivités locales sans que celles-ci aient été le moins du monde consultées. Outre la disproportion des moyens nouveaux par rapport à ce qui a été engagé pour le secteur bancaire et financier, ce plan a comme caractéristiques d’ignorer l’investissement dans les services publics et la situation des salariés et chômeurs. S’il comporte des mesures ponctuelles et très limitées envers les plus défavorisés, il omet totalement les instruments qui permettraient une politique salariale susceptible de contribuer à une relance de la consommation. Il laisse entières également les questions relatives à la protection sociale et aux minima sociaux. Les exonérations de charges pour recrutement au niveau du SMIC vont une nouvelle fois faire fonctionner la « trappe à bas salaires ». Se focalisant sur des investissements dans les infrastructures, certes importants, il écarte tout investissement d’avenir dans les fondamentaux que sont les services publics, notamment l’éducation et la recherche, et les hommes et les femmes qui les font vivre. Il foule au pied allègrement le Grenelle en relançant des investissements autoroutiers tout en promouvant, par ailleurs, une « prime à la casse » pour les voitures, le développement durable doit se retourner dans son concept.

Alors qu’il souligne que la crise n’est pas conjoncturelle et qu’il insiste sur la demande de « régulation, de protection et de justice », il n’annonce aucune mesure qui permette d’y répondre ; bien au contraire il ouvre de nouveaux champs de déréglementation et il poursuit une politique qui remet en cause le rôle et la place des services publics, y compris en termes de lutte pour l’emploi. Comment comprendre par exemple que soient maintenues les 30 000 suppressions d’emplois dans la Fonction publique alors que le chômage s’aggrave et que les besoins de formation, de régulation, de sécurité, de santé, de solidarité sont aussi criants ? Comment comprendre qu’on pousse ceux qui ont un emploi à faire des heures supplémentaires pour priver d’emploi les autres. L’audace véritable aurait sans doute été de rompre avec les dogmes et les a priori en ces domaines.

La réduction des recettes de l’Etat lié au seul allègement de l’impôt solidarité sur la fortune (3,1 milliards d’euros de manque à gagner en 2009) est deux fois supérieure aux « économies » qui seront réalisées par les suppressions de postes dans la fonction publique. L’égoïsme de classe de cette politique commence à crever les yeux mais le comble vient d’être atteint par cette proposition d’amendement du député Philippe Marini de UMP qui vise à rendre partiellement déductibles de l’impôt sur le revenu les pertes occasionnées par la chute des cours boursiers : on croyait avoir tout vu !