Avant de s’engager dans un travail de rédaction, un élève m’a demandé s’il avait le droit de donner son opinion. Je lui ai répondu que, non seulement, c’était un droit mais que c’était même un devoir avec toutefois deux conditions : la première, de ne pas confondre un anathème avec un argument et la seconde, toujours respecter ceux qui pensent et agissent différemment de soi. La diatribe agressive d’Hervé Hamon contre la FSU est à des années lumières de cette déontologie.

La réforme des rythmes scolaires semble être le prétexte à ce brûlot alors que les critiques sont d’origines diverses. L’alerte est aussi venue des élus inquiets sur leur capacité à prendre en charge les enfants à l’issue de la classe. Comment réduire les inégalités entre les communes riches qui pourront offrir gratuitement cette prise en charge quand d’autres en seront dans l’incapacité ? Cette réforme ne sera réussie qui si elle est autre chose qu’un transfert de charge de l’Etat vers les collectivités locales déjà étranglées. Par ailleurs, est-on sûr que les élèves qui resteront aussi longtemps à l’Ecole chaque jour sans la pause du mercredi seront moins fatigués ? La FSU mène la réflexion sur la réussite des élèves et portent des propositions qui vont au-delà des seuls rythmes scolaires. Si elle demande le report d’un an de la réforme, c’est pour la réussir.

Face aux attaques des précédents gouvernements contre l’Education nationale, la FSU a dû mener un combat de résistance. Nous avons effectivement dit non à la suppression de postes dans l’Education nationale et à la liquidation de la formation des maîtres.

La FSU dirait donc toujours « non » ? Mais qui dit non à la famille qui vient inscrire son enfant de moins de trois à l’école maternelle ? Qui dit non au droit de l’élève quand le professeur absent n’est pas remplacé ? Qui dit non à l’élève en difficulté qui n’est plus pris en charge par un réseau d’aide ?

Un « non » encore plus grave est celui des étudiants aux métiers de l’enseignement. La crise de recrutement de professeurs peut contrarier les créations de postes prévues. Nous ne redonnerons pas de l’attractivité à nos métiers en faisant l’impasse sur la question salariale et sur les conditions de travail. Enseigner est devenu extrêmement difficile et la souffrance au travail fait des ravages. Alors, évoquer des « droits acquis » est perçu comme une injure par ceux qui, malgré tout, chaque jour, se démènent pour faire réussir les élèves.

Prenant ses vieux désirs pour la réalité, Hervé Hamon nous rêve faibles. Si faibles qu’il considère utile de consacrer un article dominical pour nous discréditer. Puisqu’il a eu la délicatesse de nous qualifier de « machine », je lui signifierai avec une certaine tristesse mais beaucoup de détermination qu’aucune « machine » à broyer l’honneur des enseignants et de leurs syndicats ne viendra à bout de la richesse humaine de tous ceux qui ont choisi de consacrer leur vie à l’Ecole publique.

Jean Luc LE GUELLEC

Professeur au lycée Rabelais à Saint –Brieuc

Secrétaire régional de la FSU Bretagne