Intervention de Claudine LE MASSON – FSU –

La première partie du rapport décrivant le PRS valide, à nos yeux, la critique régulièrement faite par la FSU de la politique trop « adéquationniste » de la Région. C’est pourquoi, de notre point de vue, il est difficile d’avoir une appréciation globalement positive du PRS qui s’appuie presqu’exclusivement sur les demandes des branches professionnelles et sur le tissu économique tel qu’il est aujourd’hui structuré.

Concernant la complémentarité des dispositifs, elle est presque une condition de viabilité des formations inscrites au PRS et, en dernière analyse, du PRS lui-même. Cette viabilité s’entend aussi bien en termes de nombre de stagiaires (concurrence entre dispositifs) qu’en termes de financement. Concernant l’allocation versée aux stagiaires (le mot rémunération nous semble abusif), la FSU pense qu’il serait intéressant de voir les possibilités d’aligner cette allocation sur le SMIC.

A propos des contributions des stagiaires à leur formation (cela ne concerne pas l’ensemble du PRS), le rapport propose une modulation en fonction des ressources. L’idée est intéressante mais pas forcément facile à mettre en place : nous ne pouvons apprécier la situation des ressources que de l’année révolue, comme pour les impôts, mais cela ne traduit pas nécessairement le niveau présent. La meilleure voie serait de ne demander aucune contribution aux stagiaires.

La FSU souscrit à la préconisation d’offrir dans le catalogue du PRS davantage de formations des niveaux II et III car, en l’état actuel, nous sommes très loin de l’objectif de la SREF d’élévation du niveau de qualification. Pour la FSU cette élévation doit se faire en priorisant les diplômes de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur.

Le rapport exige le renforcement du travail avec les branches mais insiste peu sur la prise en compte des besoins des salariés pour leur propre projet. Pour la FSU le primat absolu donné aux besoins des entreprises donne un objectif déséquilibré aux dispositifs de formation continue.

Une implication plus importante des branches et des organismes de formation à la définition de l’offre risque de faire monter en puissance le développement de certification de type CQP. C’est parce que les CQP spécifiques aux branches, au champ de formation étroit, donnent beaucoup moins de garanties et de droits aux salariés que la FSU se bat pour que les titres de validation des qualifications restent les diplômes, en particulier, ceux de l’Education nationale.

Un apport important de cette étude est de montrer que la formation en soi est un vecteur d’insertion. L’enquête IROISE citée dans l’étude montre que 43% des stagiaires ont trouvé un emploi dans un secteur différent de celui dans lequel ils ont été formés. L’adéquation reste introuvable et nul ne doute que la formation a bien d’autres vertus que celle de préparer à un « métier ». Ainsi le caractère socialisant et intégrateur de la formation en « présentiel » et en groupe est déterminant. Cette réalité est pourtant largement niée par les apôtres de l’individualisation à tous crins.

Difficile de réfléchir à l’avenir du PRS sans évoquer le sort de l’AFPA en Bretagne ainsi que l’avenir incertain de la formation professionnelle.

En effet, dans le cadre de la création de Pôle emploi, il est prévu, outre la fusion de l’ASSEDIC et de l’ANPE, l’intégration d’une partie du personnel de l’AFPA.

Ce transfert qui se met en place actuellement concerne les services de l’Orientation professionnelle.

Or le personnel est déplacé lors, qu’à ce jour, aucune réflexion n’est menée sur le transfert de l’offre de service et des métiers ainsi que l’impact sur l’organisation du travail et comment elle s’intègre dans les processus déjà existants à Pôle emploi.

Dans le cadre des dispositifs collectifs de formation, la Région a signé, en décembre 2009, une convention tripartite Etat/Région/Pôle emploi, relative à l’accès à la qualification du demandeur d’emploi.

La FSU s’interroge sur la possibilité qu’aura Pôle emploi de mener à bien cette mission qui lui est confiée. Vous savez que nous sommes dans un contexte déjà difficile à Pôle emploi et le transfert de l’AFPA qui s’effectue dans la précipitation sans réelle réflexion accroît encore l’incertitude.

La dernière loi sur la formation professionnelle a considérablement étendu les prérogatives liées historiquement au champ de la formation professionnelle des adultes en intégrant à la réflexion du Conseil national de la formation tout au long de la vie, la formation professionnelle initiale des jeunes. Pour la FSU, le système public de formation professionnelle initiale doit être développé et rester une compétence nationale dans toutes ses dimensions. Les Régions semblent revendiquer toujours plus de pouvoirs dans le domaine de la formation professionnelle y compris pour l’orientation. La FSU est en désaccord avec de telles perspectives d’autant que les inégalités entre régions sont très importantes. Pour la FSU, il est, par contre, urgent à partir des réalités actuelles, de mettre en place, pour la formation professionnelle des adultes, des systèmes forts de régulation nationale, accompagnés de déclinaison régionale.