Le rapport d’activité 2013 des services de l’Etat en région ne déroge pas aux précédents et donne, surtout, des informations factuelles et peu d’analyses.
Concernant les questions d’éducation évoquées dans le rapport, l’avis du CESER indique qu’il évite les questions les plus controversées. Nous pourrions même ajouter qu’il fait silence sur certaines évolutions positives comme, par exemple, la création de BTS dans l’enseignement maritime. Au-delà des remarques faites dans l’avis sur l’analyse de l’évolution des résultats aux examens, remarques que partage la FSU, nous tenons à faire les observations suivantes.
Concernant le premier degré, la généralisation des nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2014 marquera l’aboutissement d’un long processus de concertation entre les établissements, les services de l’Education nationale et les collectivités territoriales. La réflexion, initialement centrée autour des besoins de l’élève a chuté sur une adaptation du projet aux possibilités des collectivités territoriales très investies. Beaucoup d’entre-elles analysent cette réforme comme étant surtout un transfert de charges de l’Etat vers les communes. Le refus de nombres d’écoles privées d’entrer dans cette réforme complexifie le dossier et va de fait introduire des éléments de tensions pour les collectivités et de concurrence entre les deux réseaux d’écoles.
L’Académie a bénéficié d’une dotation de 39 postes pour le premier degré pour la rentrée 2014. La répartition de cette dotation décidée par le recteur d’académie (moins un poste pour le Finistère et le Morbihan, moins deux postes pour les Côtes d’Armor, 43 postes supplémentaires pour l’Ille et Vilaine) donne le sentiment de renforcer les déséquilibres territoriaux au moment même où l’Etat, par le Pacte d’avenir, dit vouloir redonner espoir à ces territoires. Absorbée par la pression démographique, cette dotation ne permet aucune marge aux Inspecteurs d’académie pour réinitialiser des temps de formation continue pour les professeurs des écoles. Ces temps de formation continue permettraient d’assurer correctement la réforme imposée des rythmes par une adaptation réfléchie des temps et contenus d’enseignement à la nouvelle organisation journalière et hebdomadaire de l’école.
Pour le second degré, le rectorat prévoit d’accueillir, pour la rentrée prochaine, 2 172 élèves de plus dans les collèges et lycées publics. Cette estimation est supérieure à celle calculée il y a un an en vue de la rentrée 2013 (+ 1 962 élèves ). Or, avec 2 633 élèves, la hausse réelle a été bien supérieure, les prévisions institutionnelles ne tenant pas compte du solde migratoire, largement positif dans notre région comme le confirment les dernières études de l’INSEE. On peut donc supposer qu’en septembre prochain, l’augmentation du nombre d’élèves accueillis dans le réseau public sera bien plus importante que celle estimée par les services académiques.
Le réseau privé (second degré) qui annonce + 459 élèves (1), ne suit pas pour autant la tendance observée dans le public et peine à atteindre ses propres prévisions d’effectifs : + 738 élèves prévus à la rentrée 2013 et seulement + 707 constatés (1). Les prévisions ont seulement été dépassées sur le niveau seconde générale (+ 165 élèves (1)) : c’est principalement une conséquence de la saturation des lycées publics de l’académie.
L’augmentation des effectifs en Bretagne est une constante des préparations de rentrée : depuis 2008, les collèges et lycées publics de l’Académie ont gagné 12 000 élèves (2) ! Toutes les études démographiques confirment cette dynamique scolaire au moins jusque 2 030. La question des capacités d’accueil du réseau public est posée : plusieurs collèges et lycées publics ne peuvent plus inscrire les élèves habitant dans le secteur de recrutement.
A la rentrée 2013, la dotation en emplois de professeurs second degré (+ 175 emplois) a été positive pour la première fois en 6 ans. Cependant, la prise en compte des effectifs réels en septembre 2013 a poussé le rectorat à implanter non pas 175 emplois nouveaux mais 251, principalement pourvus par des fonctionnaires stagiaires ou des étudiants admissibles aux concours. Pour la rentrée 2014, le Ministère attribue 100 emplois (3) supplémentaires à l’académie de Rennes, c’est moins que ce que recevait à la rentrée 2013 le seul département de l’Ille et Vilaine (+115 emplois pour +1 000 élèves pour ce département particulièrement dynamique pour sa démographie scolaire). Le cumul depuis 2007 atteint 12 000 élèves de plus dans le réseau public de l’académie et moins 100 emplois de professeurs (2) !
La FSU tenait à rappeler ces données consciente, qu’au delà des tensions démographiques, l’avenir du système éducatif, donc de la jeunesse, ne peut se penser indépendemment des réalités économiques et sociales et des effets de l’ensemble des politiques publiques. Le choix fait, et plusieurs fois confirmé, de la politique de l’offre, c’est à dire de l’austérité, a eu, en Bretagne comme ailleurs, les effets prévisibles : hausse du chômage et de la précarité et décrochage de certains territoires. Cette crise économique et sociale s’accompagne, après les chocs des municipales et des européennes, d’une crise de régime tant morale que politique. Pour la FSU, il est urgent de choisir un autre chemin.
(1) source rectorat de Rennes
(2) source SNES Bretagne, à partir des chiffres du rectorat
(3) source CTM (comité technique ministériel) du 19 décembre 2013