Déclaration préalable de la FSU 22
au CDEN du 12 juin 2014

Ces derniers temps, le lien presque mécanique entre réussite scolaire et rythmes scolaires a de nouveau été avancé et répété dans le débat public. Qu’en est-il objectivement ?

Pour la FSU, la réussite des élèves ne peut se réduire à une simple modification des rythmes scolaires. Il est temps de s’attaquer aux vrais sujets que sont les programmes, les effectifs par classe, la formation continue, et les conditions de travail.

A ce jour, aucune étude n’a montré que le facteur « nombre de jours d’école dans la semaine » pris de manière isolé jouait à lui seul sur la réussite des élèves.

Avant la réforme Darcos, un quart des élèves étaient à quatre jours avec des vacances raccourcies et des résultats ni moins bons, ni meilleurs qu’ailleurs.

Les résultats en baisse révélés par PISA, sont ceux d’élèves de 15 ans qui ont tous fréquentés l’école primaire quand elle était organisée majoritairement sur 4,5 jours, avant 2008. Tout le monde crierait à la caricature, si d’aucun s’aventurait à en conclure que la semaine à 4,5 jours est néfaste pour la réussite des élèves.

L’école est aujourd’hui plombée par une réforme des rythmes scolaires toujours contestée, qui a tout écrasé, alors qu’elle aurait dû être seconde.

Non, tout n’est pas qu’une affaire de rythmes. Pour la FSU, il faut traiter des vraies priorités. A l’heure où un jeune sur cinq ne maîtrise pas correctement la lecture à l’issue de sa scolarité, et que près d’un tiers des collégiens en éducation prioritaire éprouvent des difficultés face à l’écrit – contre un quart il y a 10 ans – notre école doit avoir les moyens de la réussite. Il est incompréhensible que la révision des temps et celle des programmes scolaires (qui a été repoussée à 2016 pour l’élémentaire) n’aient pas été traitées ensemble.

Les élèves n’apprennent pas de la même manière dans une classe de 30 ou dans une classe de 20. Un élève en difficulté ne peut pas y être aidé de la même façon. Or, l’école primaire française se distingue par un nombre d’élèves par classe bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. Une classe maternelle sur deux compte 25 élèves et même 30 élèves, voire plus dans de nombreux cas. Ce sont la diminution des effectifs par classe et le renforcement conséquent de l’aide aux élèves en difficulté qui devraient être deux nécessités incontournables.

Et qui pourrait croire que l’on « refondera » l’école sans offrir de formation continue aux professeurs des écoles ? Oui, il faut le dire : elle a disparu ! En 2013, un rapport de l’Inspection générale pointait du doigt une formation continue des enseignants du premier degré « insatisfaisante et rare ». Or, aucune amélioration n’est prévue pour la rentrée prochaine.

Pour la FSU, il est plus que temps de traiter des vrais enjeux de notre école et de répondre aux vraies préoccupations professionnelles des enseignants : les conditions d’apprentissages des élèves et les conditions de travail des personnels. Si l’école a besoin de réformes, alors il faut d’abord les prioriser, puis mettre en œuvre celles qui sont réellement déterminantes pour la réussite des élèves.

Nous attendons les moyens concrets pour répondre à cette ambition. Avec la priorité donnée par le ministère à une réforme des rythmes comme levier principal de la lutte contre l’échec scolaire, tout a été fait à l’envers. En étant conditionnée par la volonté des municipalités guidées par des contraintes pour l’organisation du temps périscolaire, par des capacités inégales de financement, cette réforme ne place au premier plan ni le temps de l’école pour les élèves, ni la prise en compte des demandes des enseignants. Par exemple, les infrastructures sportives seront contraintes d’accueillir les activités liées à la mise en place des rythmes, et les planning de réservation s’en trouveront surchargés. La FSU réaffirme la priorité de l’enseignement de l’EPS sur les Temps Activités Périscolaires. Où est cette réforme qui permettrait de construire un projet cohérent pour la réussite des élèves, recueillant l’adhésion de la communauté éducative ?

Comme il est indiqué dans l’ordre du jour de la réunion d’aujourd’hui, les rythmes scolaires sont censés relever de la compétence de l’État.

Alors, pour la FSU, c’est l’Éducation nationale qui doit reprendre la main. La semaine scolaire doit s’organiser selon un cadrage national avec des possibilités de dérogations émanant des conseils d’école dans l’intérêt du service public d’éducation. Il n’est pas acceptable que la liberté de choisir ses horaires laissée à l’enseignement privé puisse, localement, mettre l’école publique en difficulté.

Pour toutes ces raisons, la FSU demande la « non généralisation » de cette réforme, c’est à dire la suspension de sa mise en œuvre partout où les équipes enseignantes l’estiment nécessaire ainsi que la réécriture complète du décret Peillon.






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