Au CREFOP plénier du 30 novembre, la FSU a souligné, exemples à l’appui , l’insuffisant investissement sur le Service public d’Education, en particulier les LP. Cette analyse est désormais en partie partagée par la Région si l’on s’en tient aux déclarations faites au CREFOP et au CAEN qui a précédé.

Voici le texte de l’intervention de Christine Le Page & Claudette Billant pour la FSU :

« La FSU constate que dans les nouvelles modalités de mise en œuvre de la carte des formations, les propositions de formations émises concernant l’enseignement public – Education nationale et Agriculture – se bornent à répondre a minima aux grandes orientations déterminées par la Région.

La FSU dénonce cette réponse à moyens constants qui conduit à équilibrer ouvertures et fermetures de formations (ou augmentations et diminutions de capacités) dans le public, à l’échelle des bassins ou du département, selon un système de « compensation » qui s’avère tout à fait inacceptable. Ainsi pour le lycée de Lannion, l’ouverture, souhaitable, d’une CPGE « ATS » sera « payée » par une diminution de capacité du BTS « Systèmes photoniques », formation pourtant très porteuse, ce qui pénalisera les jeunes sortants du Baccalauréat.

Sur l’ensemble du projet de carte 2016, la FSU déplore que le rectorat ne se soit pas positionné de manière plus ambitieuse en vue de développer une offre de formations sous statut scolaire répondant aux attentes des familles. On en voit un exemple dans le Brevet des Métiers d’Art « Staff et matériaux associés », formation demandée sous statut scolaire par l’équipe pédagogique du LP Savina à Tréguier, mais qui sera finalement mise en œuvre par apprentissage faute d’un engagement du rectorat sur cette formation à l’utilité pourtant parfaitement avérée.

La FSU déplore également qu’une nouvelle fois le dialogue n’ait pas réellement eu lieu avec les personnels des établissements pour l’élaboration de la carte, en dépit des assurances données au printemps dernier par le rectorat et la Région. Les équipes pédagogiques sont encore largement tenues à l’écart du processus réel de décision et des arbitrages.

En témoignent les réactions d’incompréhension et de colère des collègues des lycées Le Dantec à Lannion ou Rabelais à St Brieuc, découvrant les mesures « proposées » à la lecture des documents préparatoires au GT PEF du 24 novembre ! Et quelles marges de manœuvre pour les représentants des personnels lors de ce GT, puisque ces « propositions » étaient des extraits du document préparatoire au CREFOP plénier d’aujourd’hui qui doit se prononcer sur la carte, sans possibilités de modifications ? On atteint ici les limites du formalisme.

La philosophie générale qui préside à cette carte 2016 confirme un faible investissement dans les formations de la voie professionnelle publique, où l’on ne compte qu’une ouverture en Bac professionnel (« Accueil-relation clients » à St Malo). En revanche, priorité est donnée au développement de l’apprentissage et aux expérimentations, en lien avec la mixité des publics ou la mixité des parcours. La FSU reste très réservée quant aux effets de ce choix. La mixité des publics entraine une différence de statut entre les jeunes d’un même groupe, ce qui pourra à terme s’avérer très problématique dans la conduite des classes.

La mixité des parcours pose également question. On ne peut écarter le risque pour des jeunes engagés dans ces parcours de se trouver sans possibilité de terminer leurs cursus faute d’employeur. La FSU prend acte de l’assurance donnée par le rectorat de garantir l’accès à la formation dans le même établissement sous statut scolaire pour les jeunes qui se trouveraient confrontés à cette difficulté. Elle sera particulièrement attentive à ce que ces assurances soient effectives concernant les parcours mixtes actés pour le BTS « Développement bois » au lycée La Champagne à Vitré, et pour le BTS « Systèmes numériques – option électronique » au lycée Chaptal à St Brieuc.

La FSU souhaiterait vivement qu’à l’avenir le travail sur la carte des formations puisse permettre de remédier à l’absence (ou à la rareté) sous statut scolaire public de certaines formations pourtant fortement attractives pour les jeunes, aussi bien en termes de perspectives d’insertion professionnelle que de représentation positive.

C’est le cas notamment dans les métiers de bouche pour la formation « Boulangerie-pâtisserie » où l’indice de sélectivité est très élevé. C’est le cas également pour la formation « Boucherie-charcuterie » absente en lycée professionnel public. On observera au passage l’occasion manquée de remédier à l’absence quasi générale de formations publiques dans le domaine de l’esthétique niveau IV, le projet d’ouverture du Bac Pro « Esthétique-cosmétique-parfumerie » porté par le lycée Laënnec à Pont l’Abbé n’ayant pas été retenu. Or, actuellement, seul un lycée public dans l’académie (M. LF à Lorient) propose des formations dans ce secteur avec, là aussi, une très forte demande de la part des jeunes.

Mais il faudrait également se pencher sur la quasi-absence de certaines formations dans les LP publics mais proposées dans le réseau privé. C’est particulièrement le cas du Bac Pro ASSP, très demandé dans tous les LP publics qui le proposent, mais totalement absent dans les secteurs de St Malo, Fougères, ou Vitré.

Pour la FSU, le service public d’Education doit être en capacité de permettre un libre choix à tous les jeunes sur tout le territoire, aussi bien entre le service public et le réseau privé qu’entre le statut scolaire et l’apprentissage. Ces voies ne sont pas équivalentes pour les familles, que ce soit en termes de coût ou de recherche d’un employeur. Une famille rencontrant une difficulté sur l’un ou l’autre de ces points devrait toujours pouvoir trouver une réponse dans un lycée public, ce qui, hélas, est bien loin d’être actuellement le cas.

Pour autant, la FSU entend positivement les interventions de la Région en faveur de la préservation des formations en CPGE et de la promotion des classes ATS en Bretagne, ainsi que son souhait d’une meilleure prise en compte de la voie professionnelle publique.
Souhaitant que ce positionnement préfigure un engagement plus résolu de la Région en faveur du service public d’Education, la FSU ne s’opposera pas à la carte des formations 2016.
Elle s’abstiendra dans son vote.
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