Intervention de Jean Luc LE GUELLEC au nom de la FSU Bretagne

 

L’examen final du projet de CPRDF fait suite à un long processus de concertation auquel la FSU a participé : journées thématiques, réunions du CCREFP, rencontres avec des élus du conseil régional et audience auprès du Président de la Région.

La FSU connaît donc les différences d’approches entre la politique gouvernementale et celle du conseil régional. Elle reconnaît que la Région a minoré les ardeurs de l’Etat dans ses objectifs quantitatifs de croissance de l’apprentissage. La FSU préfère, concernant l’orientation, la labellisation globale proposée pour le réseau des MFP plutôt que des conventions spécifiques dans chaque bassin d’emploi. Pour autant, ce CPRDF comme tout contrat de plan Etat – Région relève d’un compromis, il intègre donc partiellement les objectifs gouvernementaux. Comme le note plusieurs fois l’avis ici proposé le CPRDF est en cohérence avec le processus de Bologne, avec la loi du 28 juillet 2011 et avec le projet Académique 2011 – 2015 du rectorat.

La FSU n’approuve pas le processus de Bologne non en raison de l’objectif quantitatif de 50% d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur mais parce qu’il inspire l’orientation qui vise à soumettre l’enseignement supérieur et la recherche aux seuls objectifs de compétitivité des grands groupes multinationaux, parce qu’il génère une logique concurrentielle dont la loi LRU et le Grand Emprunt sont les traductions… avec les effets que nous connaissons tous.

La FSU est hostile à la loi de juillet 2011 qui vise au développement impétueux de l’apprentissage autorisant le recrutement de jeunes apprentis dès l’âge de 14 ans ; ce retour autorisé au travail des enfants n’a pas l’air d’émouvoir grand monde.

La FSU s’est opposée au projet académique 2011 – 2015 qui valide toutes les réformes éducatives en cours dont il n’est plus besoin de décrire les effets dévastateurs.

Relativement aux propositions plus précises du CPRDF, les points les plus problématiques pour nous portent sur l’apprentissage, l’orientation et l’avenir des services publics nationaux.

La FSU n’est pas fermée à une réflexion sur la place de l’apprentissage dans le supérieur, elle partage l’idée de donner aux bacheliers professionnels des perspectives d’études longues mais l’apprentissage n’est pas, loin s’en faut, la seule réponse. Par contre, ce CPRDF qui intègre le contrat d’objectifs et de moyens sur l’apprentissage, est compatible avec l’objectif gouvernemental d’augmenter le nombre d’apprentis y compris pour les plus jeunes. Faut-il rappeler, qu’en Bretagne, près d’un jeune apprenti de moins de 18 ans sur trois sort du dispositif sans que personne ne sache ce que ces jeunes deviennent. Certes, dans ce CPRDF la question des ruptures est évoquée, l’objectif de les réduire est avancé mais comme action concrète proposée nous ne trouvons que la proposition d’une nouvelle analyse quantitative mais il y en a déjà eu deux réalisées par le GREF sans qu’aucun progrès n’ait pu être constaté depuis. Dans le COM adopté, il y aura un engagement important de fonds à des fins de « communication » avec spots dans les radios et télés et placards dans la presse écrite.

Cette publicité destinée à façonner la demande sociale ne bénéficie pas aux formations sous statut scolaire, elle vise à inciter les jeunes des milieux populaires à sortir au plus tôt du système scolaire : la reproduction sociale justement décriée sera encore amplifiée. Par ailleurs, le gouvernement pousse les régions et les rectorats à développer le mixage les parcours (scolaire, apprentissage, contrat pro) au détriment de la qualité de la formation, reconnaissons que le fameux « 1 + 1 » en terme de réduction des coûts pour les employeurs n’est pas inintéressant.

Concernant l’orientation, la FSU aurait souhaité qu’à côté de la labellisation des MFP pour les publics non scolaires, le réseau académique des CIO soit globalement labellisé, ce qui n’est pas le cas. L’expérimentation « tripartite » proposée pour la gestion des CIO vise à permettre un meilleur fonctionnement face au réel désengagement de l’Etat. Pour autant, cette expérimentation qualifiée par l’avis de « très intéressante » est pour la FSU très inquiétante. Elle peut en effet servir ultérieurement de levier pour un transfert des CIO vers les Régions comme certaines forces politiques le proposent. La FSU se bat pour refonder et consolider le service public national d’orientation scolaire. En 2003, après une longue grève nous avons empêché la disparition de ce service public et ce n’est pas parce qu’il est, aujourd’hui, gravement attaqué que la FSU abandonne le combat.

La FSU aurait souhaité que dans le CPRDF, le service public de l’emploi ne soit pas traité comme un opérateur parmi d’autres d’autant que de nouvelles officines privées viennent concurrencer Pôle emploi. Il est vrai que Le service public de l’emploi est, lui aussi, soumis à rude épreuve. La scandaleuse opération de « Job Dating » à Saint – Malo le 29 septembre dernier montre à quel point les usagers de Pôle emploi sont maltraités. La situation est tellement dégradée que les personnels de Pôle emploi de Bretagne sont à partir d’aujourd’hui en grève reconductible (ce qui explique l’absence de ma camarade Claudine Lemasson).

Le CPRDF porte sur la période 2011 – 2015, il n’échappe à personne qu’en 2012 des échéances importantes auront lieu. Si la FSU, comme les autres organisations, n’exprime pas de choix partisan, elle ne considère pas son indépendance comme de la neutralité et elle compte bien s’inviter dans les débats présidentiels et législatifs en portant ses propositions. Parmi celles-ci, il y a la conviction que seuls les services publics sont à même de garantir l’intérêt général et d’empêcher que les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle soient réduites à des enjeux de placement des publics ou à un captage de « parts de marché ». Elle ne pourrait pas se reconnaître dans des projets qui, au nom de la décentralisation, achèveraient de décapiter les services publics de l’Education nationale et de l’emploi.

Le sens du vote de la FSU sur cet avis du CESER s’inscrit, aussi, dans cette démarche, une façon pour nous, de prendre date.

Pour une argumentation plus fournie, nous tenons à la disposition de chacun d’entre vous une publication de 8 pages sur certains enjeux de ce CPRDF.