Vous trouverez ci-dessous, l’intervention de la FSU.

 

Intervention de Jean Luc Le Guellec pour la FSU Bretagne

 

La FSU partage les critiques présentées quant aux effets de la réforme de la taxe professionnelle et du gel des dotations de l’Etat qui affaiblissent les marges de manœuvre de la Région d’autant que celle-ci doit honorer ses engagements à long terme (BGV et « Bretagne Numérique », en particulier). Même si l’incertitude quant à l’avenir économique est bien pointée, les hypothèses de croissance sont, par contre, bien optimistes. Il est peu crédible de parier sur une reprise progressive de la croissance quand, avec les dettes souveraines, la crise économique et financière entre dans une nouvelle phase très dangereuse et que se multiplient, en Europe, les plans d’austérité. Sauf si les Etats de l’UE sortent du « chacun pour soi et rigueur pour tous », sauf politiques alternatives en Europe, nouvelle récession et déflation dessinent le probable horizon d’une crise qui dure.

Pour autant, la Région se doit de maintenir ses ambitions. Concernant la politique envisagée vis à vis des lycées, la FSU se retrouve dans l’avis de la commission formation : anticiper les besoins en terme de construction de nouveaux lycées, mieux équiper les lycées publics, doter, ceux qui en sont dépourvus, de salles polyvalentes et repenser le dispositif d’aide à l’achat de manuels scolaires autant de perspectives à moyen terme qui ont l’approbation de notre organisation syndicale. Nous souhaitons insister sur deux orientations qui font, aujourd’hui débat, l’une concerne l’adaptation de l’offre de formation et l’autre porte sur l’enseignement supérieur et la recherche.

La Région, peut-on lire dans le projet d’OB, remettra en cause la logique du rectorat qui vise, « pour la rentrée 2011 et les années suivantes, une réduction du nombre de formation de niveau V dans l’Education nationale. L’élévation du niveau de qualification passe, aussi, par un premier niveau de qualification pour tous les jeunes ». La FSU partage cette appréciation. La réforme de la voie professionnelle (Bac pro en 3 ans) soulève deux grandes questions : en aval, celle de la poursuite d’études supérieures des bacheliers professionnels et, en amont, celle de l’avenir des jeunes exclus de cette voie scolaire par la suppression du parcours en 4 ans. Pour ces derniers, le choix gouvernemental est connu : qu’ils aillent en apprentissage. Pour la FSU, la Région ne doit pas s’inscrire dans cette logique et doit infléchir sa politique en prenant en compte les travaux réalisés par le GREF sur les ruptures de contrats d’apprentissage. Depuis moins d’une décennie, deux études exhaustives sur les ruptures de contrats ont été réalisées par le GREF, la seconde confirmant totalement la première : un taux brut de rupture proche des 30% et un taux net de 21,5%. Plus grave, les plus jeunes sont les plus concernés par ces ruptures, le taux étant de 36% pour les 16 ans. A ces ruptures s’ajoute, avec la crise, la forte diminution des terrains d’accueil pour les apprentis. Ce sont donc des milliers de jeunes bretons orientés ainsi vers la galère du chômage et de la précarité que l’on retrouve, plus tard, dans les missions locales. Doit –on continuer ainsi ? Pour la FSU à 15, 16, 17 et 18 ans, les jeunes doivent être scolarisés sachant qu’il y a trois voies pour les accueillir, la voie générale, la voie professionnelle et la voie technologique, aujourd’hui, gravement remise en cause par les réformes en cours. Faire sortir précocement les jeunes de milieux populaires du système éducatif n’est pas un bon choix, c’est pourquoi, la FSU se félicite que plusieurs partis politiques de gauche reprennent sa proposition d’une scolarité obligatoire de 3 à 18 ans.

Dans l’immédiat, une bonne politique vis-à-vis de l’apprentissage consisterait :

 à continuer d’aider les apprentis (équipement, transport, logement),
 à améliorer la qualité de leur formation en élaborant un plan de lutte volontariste contre les ruptures de contrat (aucun progrès réalisé entre les deux études du GREF),
 à faire décroître significativement le nombre d’apprentis de niveau V. Pour ce faire, il faudrait arrêter les campagnes promotionnelles de l’apprentissage en direction des plus jeunes, campagnes coûteuses et en partie mensongères car évoquer un taux d’insertion professionnelle de 80% n’est possible qu’une fois éliminés du dénominateur les exclus de l’apprentissage soit par rupture de contrat soit par manque de maîtres d’apprentissage.

A l’inverse, dans la perspective d’offrir des poursuites d’études supérieures aux bacheliers professionnels, la FSU est prête à débattre d’une place à faire à l’apprentissage aux niveaux III et II sous réserve qu’il s’agisse de formations complémentaires et non substituables aux formations existantes.

La mise en place du Grand Emprunt avec l’objectif de concentrer les moyens de recherche sur 5 à 10 sites universitaires n’a pas l’approbation de la FSU car l’ensemble des appels à projet (Equipex, Labex, Idex…) va restructurer l’enseignement supérieur et la recherche affaiblissant des pans entiers exclus de la dite « excellence ». La baisse des crédits accordés aux laboratoires (de l’ordre de 15%) conduit, par pragmatisme, les acteurs de la communauté scientifique à s’engager, pour continuer à exister, dans la démarche d’appel à projet en espérant décrocher un bout « d’Ex », chacun sachant qu’il y aura au bout du compte que très peu d’élus. Concernant les Investissements d’avenir, la situation bretonne est complètement différente des problématiques d’Ile de France ou des grands campus existants car nous devons continuellement prouver la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur dans notre région. Ainsi ne pas répondre au Grand emprunt serait nous pénaliser, mais tout miser sur lui serait nous illusionner. Bien que n’étant pas dans son champ de compétence, le conseil régional peut par ses interventions continuer à favoriser les coopérations scientifiques mais en se dégageant de la logique gouvernementale où la course au gigantisme conjuguée à la guerre de tous contre tous ne peut être que dévastatrice. Les atouts de l’enseignement supérieur et de la recherche de la Bretagne sont bien connus, il faut sans doute redéfinir une vision régionale sans faire l’impasse sur la Bretagne-Sud et les Côtes d’Armor et sans oublier que Roscoff se situe bien en Bretagne. S’appuyer sur les démarches coopératives initiées par le PRES UEB et construites lors des réponses aux appels à projet est une chose, enfermer la stratégie régionale dans les seules réponses au Grand emprunt serait une grave erreur.