Intervention de Jean Luc LE GUELLEC – FSU –

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En étudiant les perspectives des finances régionales, force est de constater que le doute émis par la FSU, il y un an, sur les perspectives de croissance retenues par le conseil régional pour l’année 2013 était légitime. En effet, au lieu de + 0,8 % de croissance prévue dans les orientations budgétaires 2013, la réalité aujourd’hui constatée se situe à + 0,1%. En s’alignant de nouveau sur les prévisions gouvernementales (+ 0,9% en 2014), il est fort probable que le conseil régional réitère la même erreur.
Face à la diminution des dotations de l’Etat, autre conséquence du choix de l’austérité, la FSU considère que la Région aurait une légitimité à s’opposer à ce choix plutôt que de l’acter comme une nécessité. La politique obsessionnelle qui consiste à faire de la réduction rapide des déficits publics une priorité absolue est contestée par de nombreux économistes, elle n’est ni efficace au regard de ses propres objectifs ni de nature à nous sortir du chaos économique et social qui s’étend sous nos yeux.
Le choix du désendettement opéré entre 2005 et 2012 fut un bon choix qui donne, aujourd’hui, à la Région des capacités d’intervention stratégiques. Pour autant, la FSU conteste la pertinence du recours au marché financier comme mode de financement. La désintermédiation fut une des dimensions de la libéralisation financière qui a conduit à la catastrophe : c’est donc une bien curieuse leçon tirée de la crise que se soumettre aux avis des agences de notation. Se satisfaire des notations attribuées à la Région par les agences FicheRatings et Vigéo traduit une confiance pour le moins naïve dans des institutions qui ont fait la preuve de leur malfaisance.
Au-delà de ces appréciations générales, la FSU considère qu’une des premières responsabilités du conseil régional, au regard de ses compétences, est de réaliser les investissements nécessaires pour répondre en terme de capacités d’accueil des lycées à la croissance de la démographie scolaire constatée et à venir. La FSU se retrouve donc totalement dans l’avis émis par le CESER sur ce dossier. Aucune référence à cette problématique n’est faite dans la Charte d’engagement pour les jeunes. Par ailleurs, nous remarquons que dans le classement des régions suivant la part des dépenses consacrées à l’enseignement, la Bretagne a le 16ème rang ! Pourquoi le conseil régional appuie-t-il à ce point sur la pédale de frein concernant les décisions de constructions de nouveaux lycées publics ? Il s’agit là d’une grave préoccupation que tient à exprimer la FSU.
Pourtant, prendre en compte les préconisations de la FSU peut-être, parfois, utile. En 2004, concernant le dispositif d’aides aux lycéens pour l’achat de livres scolaires, la FSU avait, dans un courrier adressé aux membres du CESER, expliqué son opposition à la proposition du « chèque livre » contenu dans le rapport du CESER intitulé « égalité des chances et gratuité des manuels scolaires en lycée » (le rapporteur était notre collègue Jean Paul Martin de l’UNSA). Nous écrivions « la FSU est plutôt défavorable à la modalité d’aides à l’achat car il est peu probable que le montant du crédit couvre la totalité du coût d’achat des livres neufs…la version « chèque livre » suppose de confier à une société privée la gestion d’un tel système avec, là encore, un coût élevé ». « La dotation aux établissements, poursuivions-nous, « est plus efficace et moins coûteuse à terme ». C’est parce qu’ils estimaient moins coûteux pour la Région et plus efficace en terme de gratuité que 22 conseillers avaient voté contre ce rapport dont ceux de la FSU, de la CGT, de FO et de la FCPE ; Neuf ans après (!!) que lit-on dans les orientations budgétaires 2014 : « l’évaluation de l’expérimentation conduite en 2012 dans 14 lycées professionnels volontaires, basée sur une dotation globale aux établissements qui gèrent la mise à disposition des manuels scolaires et des équipements aux lycéens, montre que ce dispositif répond aux objectifs de gratuité pour les familles ». Le CESER qui, à maintes reprises dans la dernière mandature, a critiqué les disfonctionnements constatés du dispositif « chèque livre » et demandé sa remise à plat est donc confirmé dans ses propositions. Malheureusement, au prétexte d’une année électorale, la Région propose d’attendre la rentrée 2015 pour changer de dispositif, l’avis proposé par le CESER a raison de désapprouver ce nouveau report.
Concernant l’apprentissage, la FSU note une volonté affirmée d’améliorer la « qualité » ce qui suppose, selon nous, de lutter contre les ruptures de contrat. La FSU considère qu’il faut, si la qualité est l’objectif premier, renoncer à une politique quantitative d’augmentation du nombre d’apprentis, surtout au niveau V, car c’est bien l’élévation du niveau des qualifications qui doit être la priorité. Priorité qui suppose de ne pas détourner les plus jeunes des poursuites d’études scolaires.
La FSU exprime son désaccord sur l’expérimentation du SPRO. Nous rappelons que l’orientation des adolescents scolarisés relève d’une problématique différente de l’orientation des salariés ou des demandeurs d’emploi. L’orientation des scolaires est de nature éducative, psychologique et comportementale. La confusion des missions est pour nous dangereuse quant à l’avenir du service public des CIO. La FSU est, aussi, en désaccord sur la méthode avec, en particulier, l’attribution, par la Région, d’une mission au cabinet privé Alcanea au sein du groupe technique régional. Nous sommes surpris qu’une collectivité demandant une telle expérimentation n’ait pas les ressources en interne pour assurer, par elle-même, le fonctionnement de ce groupe. Groupe qui n’intègre pas, es-qualité, des représentants des personnels concernés.
L’enseignement supérieur et la recherche connaissent en Bretagne de fortes turbulences liées à des annonces contradictoires concernant la future communauté universitaire d’établissements (CUE) qui remplacera l’actuel PRES – UEB. La proposition faite par certains présidents d’université du grand ouest de réaliser une CUE inter – régionale (Bretagne – Pays de La Loire) rencontre l’opposition de la FSU et de ses syndicats. Un tel projet rendrait, de fait, caduque le schéma régional d’enseignement supérieur adopté par le conseil régional. Il rendrait, aussi, impossible une école supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) comme structure à dimension académique car l’ESPE est, de par la loi, rattachée à la CUE. Les choix extrêmement importants qui doivent être faits dans les prochains mois supposent d’être précédés d’une démarche de consultation authentiquement démocratique. Démarche qui ne fait pas l’impasse sur l’avis des personnels concernés. Toute précipitation tant sur la fusion Rennes 1 – Rennes 2 que sur la CUE inter – régionale serait totalement irresponsable. La FSU est convaincue que les élus du conseil régional partageront, dans leur majorité, cette préoccupation.