Le CESER a émis un avis favorable sur le projet de Plan Algues vertes. Malgré le consensus de façade, il reste toujours assez compliqué de faire valoir les impératifs écologiques face aux considérations économiques.

Le secteur agricole, principal acteur du dossier, n’est pas encore unanime, loin de là, à reconnaître l’urgence à changer les pratiques. Le modèle productiviste hyper-concurrentiel a de beaux jours encore… mais à quel prix ?

Intervention de Jean-Marc CLERY – FSU

La FSU se retrouve globalement dans l’avis du CESER sur le document-cadre du futur Plan Algues vertes et regarde avec intérêt le bilan dressé par le document de la Région et son analyse des apports et limites du Plan 2009-2015. A ce stade, qui est celui d’une phase transitoire, au-delà des constats et des limites formulées, la FSU ajoutera aux observations du CESER quelques réflexions d’ordre général.

Partie en 2010 d’une problématique d’abord sanitaire, l’approche du dossier « Algues vertes » est cependant entrée dans une analyse plus globale : la prolifération des algues vertes n’étant qu’une réaction du milieu naturel à l’excès d’azote, les aspects sanitaires ne sont effectivement qu’une conséquence. Les problèmes résultent de choix de développement économique associé à un déficit de prise en compte de l’environnement – sols et eaux. L’enjeu principal doit donc bien être la reconquête de la qualité dans un milieu particulièrement fragile et sensible à l’excès d’azote. A ce titre on doit souligner une fois de plus que, pour ces zones environnementales sensibles, l’activité agricole, la nature des productions et leurs modalités, doivent être réinterrogées afin d’être adaptées au milieu naturel – et non pas l’inverse. Or on a encore parfois tendance à renverser l’ordre des priorités.

On peut mettre au bénéfice des démarches engagées une prise de conscience progressive de la part de tous les acteurs. Ce qui a été longtemps nié est aujourd’hui admis de tous : la surcharge en azote est bien la responsable de la prolifération des algues vertes, et l’action à mener doit être concentrée sur l’activité agricole. Malgré ce constat encourageant, on ne doit pas non plus gommer le fait que les objectifs fixés par le précédent Plan n’ont pas été complètement atteints. Il faut en tirer les enseignements ; mais il faut également élargir le regard, par exemple vers les effets induits des projets de territoire (ainsi du développement de la luzerne, vertueux puisque limitant les apports en azote, mais qui peut avoir un contrecoup sur les territoires adjacents par transfert du besoin en épandage), ou du développement d’options technologiques – telles la méthanisation – susceptibles de viser des territoires sensibles et à forte présence d’exploitations.

Il est aussi particulièrement important de poursuivre l’investigation scientifique pour une meilleure compréhension du phénomène : par exemple de la part relative de la pollution diffuse et d’un assainissement déficient ; ou encore des influences extérieures aux zones « algues vertes », via les baies voisines, des « effets de masque », ou du risque de développement des algues par dispersion de la biomasse concernée par les tempêtes hivernales, etc.

On ne peut en tous les cas qu’encourager à l’élargissement du Comité de Pilotage afin que les différents acteurs soient impliqués à toutes les phases de détermination et puissent s’approprier les politiques à mener. De ce point de vue il est souhaitable que le prochain plan soit ouvert sans exclusive à l’ensemble des parties prenantes, ce qui implique d’élargir le comité de pilotage : c’est déjà le cas en comparaison à sa composition antérieure, mais il paraît indispensable que soit représentée la totalité de la profession agricole, et non les seules chambres d’agriculture, afin que les composantes « bio » et « herbe » soient associées et entendues.
Dans l’immédiat et pour le nouveau Plan à venir, l’appui technique devra être renforcé en direction des agriculteurs signataires ou en conversion, afin de les encourager et de mieux valoriser leur démarche.

Au-delà, il resterait à passer de cette politique de soutien à de véritables choix d’orientation et de modèles de développement. Les crises à répétition de l’agriculture bretonne nous montrent sans aucun doute possible que les transformations à réaliser dans l’activité agricoles sont globales et ne regardent pas seulement les aspects environnementaux. Elles doivent être également d’ordre économique, social, et humain.